Denti della Vecchia – 2025

Fuyant le bruit diurne et nocturne des machines qui assèchent notre sous-sol, nous nous sommes réfugiés quelques jours à Lugano. La journée du vendredi 11 avril s’annonçant belle, Stefano me propose une balade vers les Denti della Vecchia (Dents de la Vieille) avec départ du village de Cadro et avec retour par la capanna Pairolo.

I Denti della Vecchia, nous les connaissons bien. Que nous y allions partant de Brè ou d’ailleurs, leur « ascension » ne commence qu’après l’alpe Bolla. Parfois, nous poussons le vice d’y arriver par le Monte Brè, ce qui rajoute un challenge non négligeable.

Aujourd’hui, nous sommes sages et ignorons la montée au Monte Brè. Partis de Cadro, la première partie de la balade se fait dans une forêt de hêtres, au sous-bois dénudé. Le sentier est caillouteux, parfois recouvert de feuille et la pente reste en dessous des 30°.

Néanmoins, au sortir de la voiture, l’effort demande quelques ressources physiques. Je me cale dans les pas de Stefano, concentrée sur ma respiration. De temps en temps, une main aidante vient m’alléger de quelques kilos lorsqu’un escarpement requiert de lever exagérément le genou.

Nous avions craint trop de chaleur mais il n’en est rien. Certes, nous mouillons nos tee-shirts mais occasionnellement un petit vent traverse le tissu mouillé, nous faisant frissonner avec délice quelques secondes.

Arrivés à l’alpe Bolla, nous ignorons le roccolo en raison d’une voiture à proximité. Le grotto Alpe Bolla est ouvert et des randonneurs y sont attablés, de grandes chopes de bière posées sur la table. Des gouttelettes d’eau perlent sur la surface extérieure du verre, trahissant la fraîcheur de la boisson. Mais nous savons, par expérience, que toute boisson alcoolisée n’est pas l’amie du randonneur. Du moins pendant l’effort. Après, tout est permis ! Nous remontons la pente herbeuse jusqu’à un banc, sur la frontière italo-suisse. Le lieu s’appelle le Pian di Scagn. Nous nous y arrêtons un moment. L’herbe du pré est encore jaune et parsemée de fleurs printanières.

Nous repartons à l’assaut de la crête.

Ou des crêtes devrais-je dire. Les Denti della Vecchia n’ont pas de sommet distinct, mais sont constituée d’une succession de gros rochers pointés vers le ciel, plantés sur des gencives inégales. Comme chaque « dent » est séparée de l’autre par un pré ou un bois, en descente et en montée, le reste à faire pour atteindre l’objectif est imprédictible. Exactement la topologie que j’ai de la peine à gérer psychologiquement. Que j’ai eu de la peine à gérer la dernière fois, devrais-je dire. Aujourd’hui, ma règle d’or est : ne jamais penser que la prochaine dent est la dernière. Dès lors, tout est simple.

Le sentier est véritablement posé sur la crête. D’un côté, côté Suisse, une pente abrupte, parfois herbeuse, parfois rocailleuse. Du côté italien, des hêtres, majoritairement.

Voici quelques quenottes. Les villages, aujourd’hui isolés, s’étendent inexorablement. Dans quelques années – ou dizaines d’années -, il est fort possible que les noyaux intermédiaires de verdure aient disparu, absorbés par les résidences.

Un banc, une micro-pause. Le temps d’une photo, pas plus. Surtout ne pas laisser le temps aux jambes de se mettre en congé.

Dès les années 30, l’escalade de ces rochers permettaient l’entraînement d’alpinistes célèbres, comme Emilio Comici ou encore Ricardo Cassin. Souvent appelées les Dolomites tessinoises, cet ensemble est divisé en 31 secteurs et offre presque 300 voies d’escalade différentes, du niveau 3a au niveau 8a.

C’est sans doute pour cela que nous voyons de multiples sentes se détacher fréquemment du sentier principal. Aucune voie d’escalade n’est indiquée et seuls quelques reflets brillants de mousquetons accrochés aux parois trahissent l’aménagement des voies.

Aurions-nous atteint le bout de la crête ?

Que nenni. Il reste encore quelques dents !

Là, cette fois, je crois que nous y sommes. Nous avons dépassé le caillou dit Sasso Palazzo et le sentier commence à descendre vers la capanna Pairolo.

Nous y trouvons quelques plaques de neige, mais elles ne gênent en rien notre progression.

Ici, en 2021, le sentier était recouvert de neige.

Equilibre improbable.

Le toit de la capanna Pairolo est en pleine réfection. Nous naviguons entre les échafaudages et les palettes de pierres pour trouver une table de granit libre. Stefano se concentre sur le GPS à la recherche d’un itinéraire pour la descente. Dans la mesure du possible, nous aimerions bien ne pas repasser sur nos pas de 2021 (ni ceux de 2011 d’ailleurs).

En quittant la cabane, le sentier remonte légèrement avant la descente dans la forêt de hêtres.

J’adore les troncs de ces arbres.

Une « place à charbon » reconstituée. Pourquoi ici en pleine forêt ? Tout simplement pour une raison de densité : le charbon de bois est moins lourd à transporter que le bois.

Du petit hameau de Pönt, nous pouvons apprécier la longueur de la crête des Denti della Vecchia. Nous sommes partis de tout à droite pour arriver tout à gauche.

Le pont, qui a donné son nom au hameau.

Au bout de cette piste, nous rejoignons la route qui dessert tous les petits villages aperçus depuis la crête des Denti della Vecchia. Stefano me propose – sans garantie – un itinéraire pour nous éloigner des rubans bitumineux. Il commence par enjamber une, puis deux clôtures pour descendre ensuite, via une volée d’escalier étroite, vers une retenue d’eau interrompant le courant d’un torrent. Les marches, peu profondes et rapprochées, s’enchaînent rapidement. La main courante, faite de barres de bois, sécurise la descente.

Nous craignons un instant que le sentier ne s’arrête net à l’équipement technique de la retenue d’eau. Mais il continue, suspendu au-dessus du torrent.

Nous sommes sur le senté dra Présa. Il coure au-dessus d’une conduite d’eau qui sort de terre lors de la traversée de passerelles, où un panneau avertit qu’elles sont conçues pour le passage simultané de 6 randonneurs seulement.

L’endroit est idyllique. L’ail des ours y règne en maître, suivi de près par la vérâtre. Une mauvaise herbe par excellence. Nous sommes d’ailleurs très surpris de sa présence importante dans les forêts, nous qui ne le voyions que dans les champs, alternant avec la gentiane jaune.

Et soudain, au détour du chemin, une fleur blanche attire mon attention. Des narcisses ! Nous sommes loin de la concentration observée dans la région des Pléïades mais leur présence ici m’enchante.

Dommage que nous soyons un peu en retard dans la saison pour la récolte de l’ail des ours… Il aurait suffi simplement de se baisser pour en arracher de belles poignées.

Le sentier se termine à Villa Luganese. Il nous faut longer sur quelques centaines de mètres la route cantonale pour rejoindre la voiture. Aucun petit bobo n’est venu gâcher la balade. Notre entrainement est en train de payer !

Flore du jour

Rose de Noël - Helleborus Niger
Rose de Noël – Helleborus Niger
Rose de Noël - Helleborus Niger
Rose de Noël – Helleborus Niger
Rose de Noël - Helleborus Niger
Rose de Noël – Helleborus Niger
Narcisse des Poètes - Narcissus Poëticus
Narcisse des Poètes – Narcissus Poëticus
Narcisse des Poètes - Narcissus Poëticus
Narcisse des Poètes – Narcissus Poëticus

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Autoportraits du jour

A la capanna Pairolo.

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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