Que les choses soient claires : la météo nous a boudé aujourd’hui. Alors que partout ailleurs le soleil brillait, un méchant nuage nous a poursuivi pratiquement toute la journée, masquant ainsi le soleil et nous empêchant de faire de belles photos de vieilles pierres. Stefano n’était vraiment pas content et il n’a manqué aucune occasion de le faire entendre. Ce qui bien sûr à chaque fois me fait pouffer de rire.
Nous laissons la voiture à Cravegna, au centre du village.
Cravegna, pour la petite histoire, est le point de départ de la Veia de Squetar, le chemin que nous avons parcouru en sens inverse la veille.
Le chemin numéroté H09 commence à la sortie du village.
Très rapidement, il rentre dans la forêt, et nous rencontrons les premières chapelles de la Via Crucis (chemin de croix). D’après l’histoire de ce chemin de croix, qui est bien résumé dans l’article publié par la commune de Crodo disponible dans la section « références externes », la plupart des chapelles a été construite entre 1731 et 1738.
Le chemin monte bien raide par moments, et parfois la déclivité est moins importante.
Stefano, religieusement, prend une photo de chaque étape et ceci a l’avantage de permettre à Marie-Catherine de souffler régulièrement, car aujourd’hui, les jambes, le cœur et les poumons ont de la peine à s’accorder.
Au terme du chemin de croix, l’Oratorio della Madonna di Salèra. Malheureusement il est en réfection et des barrières de chantier en interdisent l’accès (et la prise de photos).
Afin de nous assurer que nous gaspillons un nombre suffisant de pixel, nous nous rabattons sur une vieille fontaine et un personnage sculpté dans le bois.
D’ici part par ailleurs un chemin muletier qui nous amène à Compolo, un charmant alpage aux maisons rénovées avec beaucoup de goût.
Nous nous y arrêtons un moment pour notre première barre de la journée.
Un peu plus haut, une famille travaille à la rénovation de leur baita. Ce n’est pas encore fini mais c’est magnifique.
En allant vers Booch, nous rencontrons un couple avec lesquels Stefano échange quelques mots en lombard. Ils nous confirment que Booch est très joli et très proche et que le chemin qui mène à Deccia est très raide et ils nous encouragent plutôt à suivre la route.
En arrivant à Booch, arrive un monsieur en pantalon et chemise de ville. On espère qu’il n’a pas l’intention de partir en randonnée car il n’a pas d’eau ni de victuailles.
La vierge veille sur lui en tout cas.
Après concertation, nous décidons de tenter néanmoins le sentier qui mène à Deccia. Les herbes sont encore couchées, signe que la neige s’est retirée depuis peu.
On ne peut d’ailleurs guère parler de véritable sentier, mais plutôt une vague trace qui monte tout droit dans la pente. Admirez…
A l’arrivée de la montée infernale !
À Deccia quelques cheminées fument. Nous suivons la route, malgré un avis d’avalanche pour nous rendre à Deccia Sopra. La neige recouvre par endroit la route et nous comprenons mieux l’interdiction de circuler. Néanmoins, à pieds il n’y a pas de difficulté particulière et nous arrivons à destination, alors qu’entre-temps, le soleil s’est caché.
Ici aussi, les maisons ont été joliment retapées. Nous investissons le devant d’une baita pour le casse-croûte. Assise sur un rocher, MC savoure non seulement le sandwich mais également la vue plongeante sur la vallée, sur Premia, puis en face, Costa, le barre d’Agaro, Pojala, et, plus à gauche, Alecchio. Tous les coins que nous avons fréquentés ces derniers jours, lorsque la météo nous a permis de sortir.
Après le sandwich et un peu de douceur (des cubes au malt enrobés de chocolat), nous montons encore quelques dizaines de mètres pour aller voir les dernières maisons. Stefano attend désespérément et vainement un rayon de soleil pour les photos. Nous entendons puis voyons des rochers et de la neige dévaler de la Cistella, l’imposante montagne qui surplombe Deccia.
Nous entamons le retour par une longue descente dans la prairie pour rejoindre Deccia Inferiore.
Nous sommes maintenant sur une route goudronnée et nous discutons tranquillement de chose et d’autre.
Puis, nous quittons à un moment donné la route pour un sentier qui rejoint une route carrossable menant à Prepiana, un alpage qui ne nous laissera aucun souvenir.
D’ici, le sentier descend raide vers Voma.
Nous passons quelques instants à rediriger le cours d’un ruisseau qui a cru bon d’utiliser le sentier comme lit. Voma, contrairement à Prepiana, vaut le détour : les prés sont fauchés et les maisons joliment rénovées. Nous nous arrêtons un moment pour une pause-barre puis reprenons le chemin G09.
Au moment de traverser le Torrente Alfenza, nous rejoignons un biker poussant sa monture. La traversée du torrent est chaotique et il termine les deux pieds dans 15 cm d’eau, le vélo couché dans le courant. Stefano pense qu’il fait exprès tellement la scène est cocasse. Du coup, Stefano se sent obligé de lui demander s’il a besoin d’un coup de main. Qui est refusé, si ce n’est par fierté. Il réenfourche sa monture et disparaît bientôt. Nous l’imaginons sitôt éloigné de nous, s’arrêter pour vider ses chaussures remplies d’eau.
Peut-être à cause de la rencontre avec le biker, Stefano rate la jonction avec le sentier qui monte à Scengo, notre prochaine destination.
Nous continuons du coup la descente en direction de Foppiano par une route d’exploitation que les bûcherons locaux ont oublié de nettoyer après avoir coupé quelques arbres. Promis, nous ne nous plaindrons plus de nos bûcherons vaudois, car ce n’est pas mieux de ce côté de la frontière. Nous dépassons même une décharge abusive où un bidet et un chauffe-eau sont jetés pêle-mêle avec des bouteilles et autres détritus. Pff…
Deux jolies maisons retapées juste avant Foppiano.
Après cette descente paisible, nous arrivons à Foppiano, un hameau composé de maisons éparpillées sur un vaste plateau, que nous pensons habité à l’année. Plus loin, un parking de terre où des campings cars sont garés et des gens discutent joyeusement. Des jeunes remontent la route avec des « crash pads », ou « tapis de chute » en français, sur le dos. L’endroit est en effet connu pour le « bouldering » ou « escalade de bloc ».
Nous poursuivons la descente, tantôt sur des chemins dans la forêt et tantôt dans des près, et sommes étonnés qu’elle prenne autant de temps…
Rien de spécial jusqu’à peu avant d’arriver à Viceno où nous dépassons un père et son bambin de 3 ans environs. Le gamin marche prudemment, porte le sac à dos et s’aide d’un bâton. Nous voyons le père, très attentionnée, qui guide ses pas. C’est très chou. Lorsque nous les dépassons, nous échangeons quelques mots, d’abord en italien, puis en français pour terminer en anglais. Ils sont américains-canadiens et habitent Lausanne. Le gamin est tout content d’être le centre de l’attention. Stefano remarque un pansement bleu avec des dessins sur son tibia et lui dit : tu t’es fait bobo ? Le père, hilare, lui relève les jambes du short pour nous montrer les genoux recouverts d’autres pansements. Il dit : mon fils aime les aventures. Nous sommes morts de rire.
Nous traversons le joli village de Viceno où toutes les maison ont été amoureusement retapées.
Après avoir suivi la route quelques dizaines de mètres, nous retrouvons le sentier et la forêt, puis traversons à nouveau le Torrente Alfenza.
Plus bas, avant d’arriver à Vinun, des champs viennent d’être labourés et sont entourés de clôtures destinées à protéger les récoltes des cerfs. Nous devinons que des patates ont également été plantées.
Le dernier hameau s’appelle Fariolo. Un monsieur travaille dans un bout de champ, lui aussi protégés par une haute clôture. Deux gamins s’amusent à sauter de sillons en sillons. Stefano lui demande quelle variété de pomme de terre seront plantées. Des rouges répond-il. Stefano l’interroge au sujet des doryphores, des insectes redoutables qui attaquent les pommes de terre, et qui ont marqué son enfance. Il espère que comme c’est la première année, ils seront peu nombreux mais il n’a aucun espoir quant à la seconde année vue qu’ils pondent les œufs dans la terre.
Quelques centaines de mètres plus tard, nous rejoignons Cravegna et sommes à la voiture juste avant 17h30. Chouette, puisque nous rentrons assez tôt, nous faisons un saut au pub Panevino de San Rocco pour une IPA bien méritée, accompagnée d’un bol rempli de Doritos.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Flore du jour
Autoportraits du jour
À Deccia Superiore.
Encore un autre, un peu plus haut, en attendant le soleil, qui nous gratifie d’un petit rayon.