Aujourd’hui, pas de surprise… Il doit pleuvoir. Nous nous attendons donc à avoir de la pluie et ne serons pas déçus du manque de soleil.
Coïncidence, Stefano avait gardé cette journée pour aller admirer des pétroglyphes à Crow Canyon, le moyen de locomotion privilégié étant plus la voiture que les jambes.
Stefano est content… Nous avons près de 15 miles de piste. Il nous faudra près d’une heure pour atteindre le panneau.
Puis, l’état de la piste se dégrade. Nous devons même traverser un wash qui, à la moindre pluie, se remplira d’eau. Je suis étonnée de voir Stefano rester stoïque et continuer sur la route, comme si de rien n’était. Alors je ne dis rien… Nous verrons.
Crow Canyon est en réalité composé de trois sites distincts que nous rejoindrons à chaque fois avec la voiture.
Étonnamment, le soleil est relativement présent.
Premier site – Main Panel
Nous laissons la voiture sur le parking officiel près d’un générateur qui semble contrôler la pression d’un pipeline.
Le site est aménagé.
Là, il n’y a rien à voir, à part des cailloux…
Là, il y a les restes d’un mur.
Nous ne sommes pas ici pour voir des ruines… Nous sommes ici pour voir des pétroglyphes et vu l’enthousiasme de Stefano, ça va être du beau !
Et effectivement le premier panel n’est pas mal.
Si nous étions contents de voir le soleil, maintenant il nous dérange en ajoutant des ombres intempestives sur la roche.
Ici les pétroglyphes ont été « abîmés » par des inscriptions plus récentes.
Voici un détail : une tête divisée verticalement, des cornes, un cou et des ribambelles de personnages dansant autour.
Non loin, les dessins prennent des formes que nous n’avions encore jamais vues.
Les détails sont précis. Cet homme barbu est incroyable.
Sur la photo qui suit, le personnage de gauche tient un arc et une lance (ou peut être une flèche). La pointe de l’arme se distingue nettement, pointée vers le sol. La taille de l’empennage est sans doute exagérée.
J’adore ces représentations de coiffes de plumes.
Ribambelle d’arcs et de nœuds pour les cheveux. Ces deux symboles (Navajo bow et scalp knot) sont associés aux Hero Twins, deux jumeaux nés du premier humain qui peupla le 4ème monde. Les aventures de ces jumeaux, Naayééʼ Neizghání et Tóbájíshchíní, qui combattirent des monstres, sont contés encore aujourd’hui lors de cérémonies.
Ce personnage est une divinité mâle.
Son nom serait Monster Slayer, un tueur de monstres. Il tient un arc et un rattle, qui semble être entre un hochet et une crécelle.
Un peu plus loin, cet immense panneau nous laisse bouche-béé.
A gauche, mêlés à des graffitis contemporains, un magnifique plant de maïs et une seconde divinité mâle, avec une bosse sur le dos recouverte de plume, une canne ou plutôt un bâton et des cornes de mouflon.
Certains symboles, comme ces deux peignes qui se font face n’ont pas de signification connue. Celui dirigé vers le bas pourrait représenter la pluie, mais quid de l’autre ? Les trois lignes parallèles en forme de vague peuvent également représenter de l’eau courante.
La divinité est magnifique.
A droite, les scènes de vie sont plus terre à terre. Sans doutes, deux espagnols (reconnaissables à leur chapeau) chevauchant des chevaux.
Non, nous ne sommes pas dans un musée… Nous sommes dehors, au grand air. Et seuls au monde !
Crow Canyon.
Nous revenons sur nos pas. Le ciel se fait menaçant et nous souhaiterions, si possible, éviter la pluie. Nous avons encore 2 sites à admirer.
Nous observons attentivement la paroi et découvrons d’autres pétroglyphes. Certains sont difficiles à atteindre.
Là c’est un cheval qui date vraisemblablement d’une centaine d’années, tout au plus. Sans doute faite par un rancher, un gardien de bétail.
Ceux-là, nous avons failli les rater… Ils sont à quelques pas du générateur.
Deuxième site – Big Warrior Panel
Tout est dit ! Il s’agit d’un panneau au dessin unique. Stefano sait à quoi s’attendre.
Le voici, dans son environnement. Au centre, sur le premier niveau de roche, une tache plus foncée avec, en son centre, un cercle plein plus clair.
Le voici. Il tient deux lances.
Là, c’est pour donner une idée de sa taille.
Mais en fait, un dessin ne vient jamais seul.
Voici un beau trio. Le premier à gauche est une divinité connue : bosse ornée de plumes, cornes de mouflons… Ça ne vous rappelle rien ?
Trois autres personnages, trouvés autour du Grand Guerrier.
Tamaris aux couleurs de l’automne.
Troisième site – 44 Panel
Le soleil a arrêté de nous embêter et les nuages se font menaçants. Stefano reste indifférent au temps. Moi, j’imagine un wash en furie qui nous oblige à passer la nuit ici !
Nous suivons un sentier, puis un wash (toujours à sec d’ailleurs).
Je fais copain-copain avec un tumbleweed rose pétant.
Les premiers panneaux sont plus anciens : les dessins sont moins fins et moins détaillés.
Des noms sont gravés aussi, datant du début du XXème siècle.
Ces formes me font penser aux premiers dessins que font les enfants lorsqu’ils tentent de représenter des personnes.
Nous arrivons au 44 panel. Il est facile de comprendre l’origine du nom : des symboles géométriques rappelant le chiffre 44.
Stefano en plein travail.
Non loin, un autre panneau, très riche lui aussi.
La scène de gauche est magnifique : un cerf, transpercé d’une flèche, tirée par le chasseur en bas. La photo du centre représente très certainement une plante, peut-être en fleur et celle de droite le soleil.
Ici, on dirait bien un tatou, ou armadillo.
Pour vous donner une idée de l’endroit où nous sommes, il faut imaginer une paroi rocheuse (celle où sont dessinés les pétroglyphes exposés ci-dessus), un terre-plein d’un mètre cinquante environ (là, où nous nous tenons) puis le lit d’un wash qui coupe abruptement le terre-plein, sur une profondeur d’environ deux à trois mètres.
Le wash naît de cette falaise. De l’autre côté, du wash, soit à droite sur cette photo, nous distinguons d’autres dessins. Vraisemblablement, le terre-plein qui avait servi de support aux dessinateurs s’est écroulé depuis longtemps.
Nous descendons tant bien que mal dans le wash et remontons péniblement sur l’autre rive.
Les dessins sont inaccessibles. Voici ce que nous pouvons voir avec un zoom : des cerfs, une divinité mâle bien connue désormais (bosse recouverte de plume, cornes de mouflon) et, au centre, une divinité femme.
Nous continuons le long de la paroi et trouvons d’autres dessins, tout aussi beaux.
Des plants de maïs, un personnage géométrique et deux autres personnages, dont celui de gauche est très énigmatique.
Cette tête, ornée de plumes, de boucles d’oreille et de cornes est extraordinaire.
Tout comme cet arc et sa flèche, cette antilope et ce personnage qui pourrait être un espagnol (à nouveau, en raison de la forme de son couvre-chef).
Les premières gouttes de pluie se mettent à tomber. Bien grosses. Nous repartons vers la voiture, au pas de course. Je suis même obligée de trotter pour ne pas me laisser distancer. Nous nous engouffrons dans la voiture et Stefano démarre en trombe. Nous n’aurons jamais roulé aussi vite sur une piste en si mauvais état. Nous passons le wash, bien évidemment encore à sec, et nous arrêtons quelques mètres plus loin pour nous changer et enlever nos chaussures. Stefano me fait un clin d’œil : tu vois, tout s’est bien passé !
Nous quittons Crow Canyon et rentrons tranquillement à Farmington. Et comme c’est notre dernier jour ici, nous allons fêter nos vacances à l’Outback du coin.
Et comme d’habitude, il y a l’avant…
… puis l’après…
Good job, Stefano.
Faune du jour
De corneilles, point. Mais des lapins, c’est certain!
Lui, est en train de ronger une écorce.
Et lui attendra patiemment que j’ai fini de jouer avec mon appareil photo. On remarquera sa queue blanche. Il ne s’appelle pas Cottontail rabbit pour rien.
Un taureau, qui n’a vraiment pas l’air amical.