Lorsque le téléphone-réveil sonne à 6h, nous sommes dans l’obscurité. Nous mettons le nez dehors et il fait encore nuit noire (enfin noire comme une nuit de pleine lune). Il ne nous reste plus qu’à nous recoucher, mais après avoir fait une petite visite au bâtiment d’à côté, la première de la nuit. La randonnée du jour à Chesler Park et Joint Trail, attendra…
Nous nous renfilons avec délice nos sacs de couchage réunis en un, nous collons l’un contre l’autre histoire de gagner un peu de chaleur et nous sombrons gentiment dans une semi-torpeur en nous disant que nous nous réveillerons… lorsque nous nous réveillerons.
Effectivement, c’est la clarté du jour qui nous tire de notre sommeil. Il est passé 7 heures. Le soleil est visible au loin, mais n’arrive pas encore à nous atteindre, la faute aux rochers rouges situés derrière nous.
Le petit déj se fait en tapant du pied par terre et en serrant très fort la tasse de café histoire de se réchauffer les extrémités. Rien n’y faisant, nous finissons les gants aux mains et les chaussures de rando aux pieds, en lieu et place de nos sandales Keen.
Mais tout arrive et le soleil daigne enfin se hisser au-dessus des rochers.
Le programme amoureusement préparé par Stefano dit : vendredi 25 mars – Chesler Park et Joint Trail. C’est donc avec une joie non dissimulée que nous partons en direction du trailhead, à Elephant Hill.
À 9h14, la voiture est fermée, et nous sommes prêts pour la randonnée du jour, la première vraie randonnée de l’année 2016.
Un petit coup d’œil à l’opposé avant de partir : l’arrivée de la Elephant Hill Road, cette piste super technique où il est d’ailleurs impossible de faire demi-tour et ces formations rocheuses, dont le sommet ressemble à des hamburgers.
Les premiers mètres de la randonnée du jour nous montent sur un premier rim via un petit raidillon fort sympathique, composé de quelques switchbacks et de quelques marches toutes inégales, et en hauteur et en profondeur. Je sens le cardio monter et me dis : chic, enfin une montée, une vraie. Et même si j’arrive en haut un peu essoufflée, je me dis que la vie est belle. Enfin un effort physique en plein air.
Sur le rim.
Nous vous avons sans doute déjà parlé de la section Needles de Canyonlands National Park. Nous sommes fans. Le paysage est complètement atypique.
Nous avons les yeux qui brillent de bonheur. Après 3 mois de bayou, Noble Trail ou Terry Hershey Park, la vision d’autre chose que du plat à l’infini n’a pas de prix.
Nous voici en vue des aiguilles qui ferment Chesler Park.
Mais pour y arriver, nous devons traverser un champ de hamburgers, et c’est une suite ininterrompue de descente dans un canyon suivie de la montée sur le rim opposé. Certaines d’entre elles (montées ou descentes) nécessitent même un peu de scrambling. Tout ce que nous aimons.
Nous arrivons au wash d’Elephant Canyon et en profitons pour enlever une couche et, puisque nous y sommes, pour manger une Clif Bar. De là, nous avons deux alternatives : suivre le wash en direction de Druid Arch pour bifurquer ensuite vers Chesler Park et y arriver par son côté est ou continuer tout droit pour arriver à Chesler Park par le nord.
Comme habituellement nous choisissons la seconde option, nous décidons (enfin Stefano décide, car moi, en vacances, je ne prends jamais de décision) de continuer tout droit.
L’année passée, nous avions découvert quelques pétroglyphes et espérons les retrouver. C’est fou ce que le paysage et les repères changent selon que le sens de marche : montée ou descente.
Mais Stefano, alias Occhio d’Aquila, les repère facilement.
Il y a 4 mains bien dessinées et quelques autres plus difficilement décelables. Mais nettes ou non, ce sont des traces du passé et nous les admirons religieusement.
Stefano, en plein adoration ;-)
Deux jeunes passent, tête baissée, en contrebas. Nous les arrêtons et leur montrons notre trouvaille. Ils nous rejoignent, ravis. Nous les laissons, espérant qu’ils connaissent les règles de base de conservation de ces fragiles témoins du passé et qu’ils ne les toucheront pas.
Histoire d’arbres…
Trois petits tétons…
La clôture naturelle du parc se précise.
La dernière montée pour passer la barrière d’aiguilles bordant le côté nord du parc est… conséquente. Mais nous savons que dans quelques minutes nous allons pouvoir admirer un de nos endroits préférés.
Nous y sommes !
La face de l’épine centrale est à contre-jour. Nous devrons donc attendre un peu pour y gaspiller quelques pixels.
Voici le passage d’où nous venons (le trou dans la rangée de dents, sur la gauche).
Nous marchons en direction des emplacements de camping et nous nous répétons, pour la 2 ou 3ème fois (en fait, à chaque fois que nous venons ici, nous nous faisons la même remarque) que nous devons absolument venir camper un jour ici.
Ce petit arbre est magnifique. Au fond, l’épine centrale de Chesler Park s’éclaire.
Nous longeons un petit moment la barrière est. Un trou, néanmoins infranchissable pour les vaches qui étaient laissées dans le parc, nous permet de voir d’où nous venons.
Le sentier amorce la traversée du parc. C’est la partie que nous préférons.
Nous tournons comme des toupies, ne sachant plus où regarder. Derrière nous, le fameux trou dans la rangée de dents.
Devant nous, l’épine centrale.
Sous l’arbre, à gauche du rocher, se cache une place de camping. C’est là que nous aimerions dormir, si jamais un jour nous campons ici.
Nous rejoignons le Joint Trail. Les premiers mètres sont une descente abrupte dans un canyon étroit à souhait.
Si étroit que Stefano est obligé de rentrer ses bras, ses épaules passant à peine.
Quelques passages un peu technique nous réveillent les gambettes.
Nous arrivons dans la fameuse grotte aux cairns.
Ils sont partout.
Nous rejoignons la Devils Lane et pensons à envoyer le message SPOT du jour. Mieux vaut tard que jamais !
Nous suivons la piste sur quelques centaines de mètres.
Nous trouvons un sentier que nous n’avons jamais foulé, censé nous ramener à Chesler Park.
Plutôt champignons que hamburgers, ceux-là.
Devant nous, une famille : papa, maman, une fillette d’environ 5 à 6 ans, un garçonnet de 9 ans tout au plus. Nous les voyons crapahuter allègrement, passant certains endroits un peu techniques comme si de rien n’était, tout en discutant joyeusement. Nous finissons par les rattraper (et encore, c’est parce qu’ils se sont arrêtés, le garçonnet ayant décidé de fabriquer des échasses avec deux bouts de bois mort). La petite n’est même pas essoufflée.
Nous engageons la conversation. Ils habitent Moab et sont définitivement des passionnés de randonnée. Ils font également du VTT en famille, sur les Moab Brand Trails, que nous avons parcourus nous-mêmes en 2012. Magnifique famille, respirant la joie de vivre et l’amour de la nature. Ils campent à Devils Kitchen. Compte tenu de la distance qu’ils ont encore à parcourir pour rentrer, nous sommes certains que les petits ne se feront pas prier pour dormir.
D’ailleurs, en parlant de dormir, le vent s’est levé depuis quelques heures. Nous espérons que la tente soit encore là lorsque nous arriverons ce soir…
Nous espérons également rester au sec, ce qui n’est pas gagné compte tenu du ciel chargé de méchants nuages gris.
Nous arrivons à Chesler Park par l’ouest.
Nous repassons par l’entrée nord. Lorsque nous rejoignons l’entrée par laquelle nous sommes arrivés ce matin, Stefano regarde le ciel et me dit : on fait confiance au temps ? Optimistes, nous regardons le côté du ciel qui est encore bleu et décidons qu’il va gagner.
Nous rentrerons en faisant une boucle. C’est décidé. Nous repartons donc vers l’épine centrale du parc, pour atteindre la bifurcation.
Nous allons nous abriter vers notre future place de camping, rajoutons une couche pour nous protéger du vent.
Et nous envoyons notre second message SPOT du jour, histoire de bien marquer les coordonnées de notre future lieu de résidence.
Voilà, nous venons de traverser la barrière est du parc.
Nous rejoignons le wash…
… et retrouvons le sentier qui nous ramène à la voiture.
Nous sommes soulagés de constater que la tente est encore là, sans doute grâce au gros cailloux que Stefano a posés ce matin juste avant de partir.
Par contre, le sable s’est cru chez lui et a envahi l’intérieur. Charmant ! Nous secouons nos sacs de couchages. Nous viderons le reste demain, en démontant la tente. Nous allons faire notre popote près d’un bâtiment pour être à l’abri du vent.
Nous n’attendons même pas que le soleil se couche pour rentrer dans nos quartiers, puis nous nous endormons alors que le vent secoue la tente.
Flore du jour
Elles sont tellement chou.
Autoportraits du jour
En arrivant à Chesler Park.