Un coup d’oeil dehors et je confirme… Aujourd’hui, Chesler Park, ce sera sous le soleil !
Ce matin, le mercure doit flirter avec le 0°. Incroyable ce que 5 petits degrés peuvent faire une différence.
Même si nous ne dormons pas ici ce soir, nous décidons de laisser la tente sécher. Il a y pas mal de condensation à l’intérieur. Au camping, plus de la moitié des emplacements sont libres, donc nous n’avons pas mauvaise conscience.
Nous prenons la voiture pour aller au parking d’Elephant Hill.
A part une voiture de rangers et la lune, nous sommes seuls.
Encore une journée exceptionnelle en perspective…
Nous nous mettons en route en chantant. Des histoires très très compliquées de lapins et de foin, sur des airs de musique que nous entendons régulièrement sur notre chaîne fétiche, Sirius XM BPM51.
Grand seigneur, durant le premier raidillon, je laisse la vedette à Stefano qui chante en soliste.
Ce matin, la lumière est extraordinaire.
Twin Peaks…
Cette balade a le goût particulier des dernières randonnées : ce soir nous quittons la région. Nos sens sont exacerbés. Nous remarquons chaque détail, nous aspirons l’air pur avec délice. Parfois, le bois sec et parfumé d’un arbre mort nous fait tourner la tête et renifler bruyamment, tels des chiens sur une piste…
Cette chaîne d’aiguilles ne nous a jamais paru aussi belle. Peut-être avons-nous la mémoire courte, car lorsque nous regardons nos photos de notre première randonnée à Chesler Park, les conditions n’étaient pas mal non plus.
La première jonction. Un des seuls sentiers que nous n’avons pas encore parcouru est le retour sur le Squaw Flat Campground à partir de là.
Nous nous rapprochons d’une première rangée d’aiguilles…
… puis d’une seconde…
… pour arriver à Elephant Canyon.
Nous décidons de continuer en direction de Druid Arch car il y a une autre jonction qui nous permettra de rejoindre Chesler Park.
Le Petit Prince, écrit par Antoine de Saint Exupéry, a été longtemps mon livre de chevet. Lorsque le Petit Prince demande au Renard pourquoi il est nécessaire de l’apprivoiser, ce dernier explique … Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux…
En ce qui nous concerne, il n’est aucunement question d’apprivoiser quiconque. Le point commun est que nous savons où nous allons et nous savons ce que nous allons voir … Nous sommes donc heureux avant l’heure et ce sentiment est indescriptible. Nous sommes comme deux gosses un matin de Noël attendant qu’on vienne les chercher pour ouvrir les cadeaux.
D’abord Elephant Canyon. Ce n’est pas un slot canyon. Mais il a creusé son lit au pied des aiguilles.
Du sable, du slick rock, des drop-off qui nous obligent de temps à temps à monter sur des ridges. Nous ne voyons même pas passer les deux kilomètres qui nous séparent de la prochaine jonction.
Le petit grenier est là.
Cette fois, nous allons le voir de plus près, ce qui requiert un peu de scrambling. Nous avons bonne conscience, nous rappelant les récents conseils des rangers rencontrés il y a quelques jours : explorez, sortez des sentiers battus. Notre exploration reste néanmoins avisée, recherchant toujours les passages où nous abîmerons le moins possible le si précieux crust.
Devant la ruine, une pierre plate (sans doute la pierre servant à sceller le grenier) a été déplacer et marquée : RIP. Nous nous regardons, choqués, nous exclamant au même moment : quel imbécile !
Nous revenons sur le sentier officiel en direction de la barrière d’aiguilles qui constitue l’enceinte de Chesler Park. Il nous faut donc sortir du canyon.
Voilà qui est presque fait. En bas, Elephant Canyon.
Nous progressons sur un plateau de slick rock. Nous avions adoré cet endroit en 2011 et là encore, la magie s’opère.
Ça y est, nous y sommes : nous avons passé les aiguilles. Chesler Park est là, tout près…
Encore quelques centaines de mètres et …. tadam !
Le vent s’est soudainement levé ou, plus vraisemblablement, nous sommes arrivés dans un endroit venteux. Mais rien ne peut gâcher la fête.
Idéalement, il faudrait que nous attendions quelques heures pour que l’orientation du soleil soit idéale. Mais notre timing ne nous le permet pas.
Pour le souvenir, nous nous dirigeons vers le camping. Quel changement d’ambiance par rapport à mercredi.
Au fond, tout là bas, ces mesas font partie de cette section très difficilement accessible : The Maze. (maze se traduit en français par labyrinthe… Tout un programme !)
Nous traversons le parc et nous dirigeons vers un de ses sorties.
Il ne faut pas imaginer ces barrières d’aiguilles, forment une clôture continue. Bien sûr que non. Par exemple, ici, la clôture a un grand trou.
Mais alors… le bétail pouvait s’échapper ! Que nenni… Derrière ces passages, le plus souvent, c’est une pente à pic, où seuls des humains un peu fous mais surtout bien chaussés osent s’aventurer.
D’ailleurs, pour dire, même nous, ici, nous ne nous n’y aventurions même pas !
Le sentier longe les aiguilles, en quête d’une sortie praticable.
Trouvée (1) ! Nous avons tous deux sortis nos Gore-Tex (2) (3).
Nous sommes sur le sentier qui rejoint Elephant Canyon…
… sentier que nous avons parcouru 3 ou 4 fois, dont la dernière fois il y a 3 jours à peine.
Nous sommes dans une descente nécessitant un peu de scrambling. Nos yeux regardent donc en direction du sol. On ne sait pas pourquoi mais Stefano lève la tête et me dis : regarde ! Des pictogrammes !
Damn it! Occhio di falco a raison…
Deux hikers que nous croisons (eux montent) et qui semblent habitués de l’endroit n’ont également jamais remarqué ces dessins.
Nous reprenons notre balade, tout excités à de notre découverte et déjà un peu nostalgiques à l’idée de quitter ce magnifique endroit.
Mais une chose est certaine : nous reviendrons…
Nous arrivons vers 14h30 au camp. Nous prenons notre temps pour lever le camp. Tout notre matos reprend sa place initiale. Soit le sac sera déjà prêt pour le retour, soit nous saurons exactement où trouver quoi si nous maintenons nos plans : une à deux nuits à la belle étoile sont également prévues pour la semaine prochaine. Chic !
Nous avons même le temps de nous offrir un peu de tourisme et nous arrêtons à quelques centaines de mètres de l’entrée (ou de la sortie, c’est selon) du parc au lieu-dit Roadside Ruins. Un petit trail nous emmène près d’un petit grenier, bien protégé par une barrière.
10 minutes top chrono de la voiture aux ruines et retour. Nous roulons sur la UT-211, les yeux grands ouverts, nous exclamant à chaque virage.
Les terres sont encore exploitées et du bétail y paît. Des cultures témoignent également d’une activité agricole (mais peut-être est-ce juste pour faire pousser de l’herbe pour le bétail?).
Les terres sont gérées par une femme qui semble avoir du caractère et qui répond au nom de Heidi Redd et qui, blague à part, œuvre pour la protection de cet endroit, Indian Creek, connu mondialement comme un spot d’escalade de fissures (crack climbing). À lire, cet interview donné par Heidi et réalisé par The Nature Conservancy.
Nous nous arrêtons pour une photo-souvenir à Newspaper Rock et nous rappelons, un peu mélancoliques, que nos grandes vacances sont déjà bien loin. Le 5 mai 2011, nous étions ici, venant de Moab et allant à Blanding.
Newspaper Rock… Un immense rocher recouvert de pictogrammes.
Voici un …
… ou deux détails.
Faune du jour
Des … vaches.
Autoportrait du jour
A une jonction ; nous avons fait un usage détourné du panneau.
A Chesler Park; les Two Swiss Hikers sont heureux !