Semaine puis weekend placés sous le signe du soleil et du ciel bleu. À 9h12, la TSH mobile est chargée et nous sommes prêts à partir. Direction le col du Marchairuz. Nous jubilons. La journée promet d’être exceptionnelle.
Nous nous garons au parking à proximité de Fontaine Froide. Nous partons vers le Pré de Bière. Partis sous la douceur du soleil, nous marchons quelques minutes à l’ombre. La température chute brusquement. L’air est glacial et en quelques minutes le bout de nos doigts est gelé. Nous n’hésitons pas une seconde et enfilons une paire de gants, même si nous sommes persuadés que la montée vers le chalet aura tôt fait de nous réchauffer.
Sur notre droite, le Pré de Denens que Stefano me promet d’aller voir ce soir en rentrant.
Sans surprise, nous arrivons au chalet du Pré de Bière bien réchauffés. L’été, il est possible d’y acheter des produits régionaux et d’assister à la fabrication de fromage.
Nous continuons droit vers le nord et arrivons à La Perrause.
Aujourd’hui, ce sera difficile de laisser notre trace. Le plateau a été pris d’assaut cette semaine par les vacanciers et les randonneurs de semaine.
Stefano dessine la balade en fonction de points sur la carte : des chalets ou des refuges soit très peu visités soit inconnus.
Le prochain n’est pas un refuge mais un chalet privé. Nous ne le connaissons pas.
Nous espérons qu’il ait un nom. De prime abord, il est anonyme. Joli mais anonyme.
Au loin, le Mont Tendre.
Nous en faisons le tour et trouvons un panneau de bois sur lequel a été gravé un nom : ALEFFyKASS.
Nous sommes perplexes. À l’heure de la rédaction de ce billet, je google ces lettres pour essayer de trouver une référence à ce chalet, tombe sur une boîte d’aide à domicile au nom similaire et comprends enfin : À l’efficace. Bof ! Mais au moins, c’est un nom !
Nous restons proche de l’orée du Grand Bois car il y a d’autres points sur la carte.
Le prochain, un chalet privé à nouveau, se nomme Le Bouvreuil. À gauche du panneau qui affiche son nom, un oiseau. À sa droite un champignon. Une chance sur deux. Mais je crois me rappeler que le bouvreuil est un oiseau, ayant reçu, durant ma prime jeunesse et pour cause de bons résultats scolaires, une image représentant cet oiseau. J’évoque ce souvenir qui nous laisse pensifs. Nous essayons d’imaginer un maître d’école, en 2019, récompensant un élève avec une image. Le gamin le regarderait avec les yeux ronds, pensant qu’il se paie sa tête. Et très certainement, il l’enverrait bouler.
Si vous souhaitez plus d’information sur ce passereau d’Europe, protégé en France, c’est ici, chez Wikipédia.
Le chalet est ravissant.
Nous gardons pour une prochaine fois les trois autres chalets à proximité et revenons vers les Grandes Chaumilles.
Sa face nord-est est recouverte de tavillons.
La chaleur est écrasante et la réverbération aveuglante. À part les traînées de vapeur d’eau laissées par les avions, il n’y a pas un nuage. Nous allons nous mettre à l’abri dans la forêt, histoire également de nous rapprocher du Mont Tendre. J’espère secrètement que nous aurons le temps d’y faire un petit détour.
Nous arrivons à un joli refuge, Le Bois Carré.
Nous continuons vers les contreforts du Mont Tendre et rejoignons une piste de ski de fond que nous longeons avant de la traverser pour monter vers le Chalet des Combes.
Quel changement par rapport à la semaine passée ! C’est ici que nous avions pique-niqué, à l’intérieur, à l’abri des la neige et du vent.
La pompe de la citerne du Chalet des Combes.
Maintenant au pied de la montagne, nous montons encore un peu, retrouvons la route qui monte vers Pierre à Coutiau. Nous y doublons un groupe de randonneurs à ski, tirant deux pulka dans lesquelles s’abritent des enfants. Nous nous arrêtons pour bavarder un peu. En plus des enfants, les pulka stockent de la nourriture. 25 à 30 kg minimum pièce. Certains tirent des pneus sur le sable, d’autres des pulka sur la neige. À chacun sa croix.
Nous nous engageons dans une combe, parallèle à la pente et nous y découvrons un petit chalet anonyme.
Tout petit et tout mignon.
Nous marchons encore un peu dans cette combe puis redescendons dans la plaine pour aller voir un autre chalet privé, L’Eglantier.
Nous réveillons un randonneur (le propriétaire des bâtons plantés devant le chalet) assoupi sur un banc de bois. J’en profite pour aller grappiller quelques baies d’églantine sur un buisson à l’abri de l’avant toit. Miam, elles sont un peu sèches mais je parviens à extraire quelques milligrammes de pulpe rouge et goûteuse que j’aspire goulûment.
Les baies d’églantine c’est mon pêché mignon. J’adore le goût, la texture et le fait que ce soit un cadeau de la nature. Le randonneur, bien réveillé, me regarde faire avec étonnement. Je sens que je lui dois une explication. Je lui donne le nom utilisé en Suisse (cynorhodon) et les quelques noms et surnoms du fruit : baies d’églantine, poil à gratter, gratte-cul. Ce fruit rentre dans la composition de thé et de confiture. Si je ne suis pas fan du thé, je pourrais devenir accro à la confiture (c’est sans doute pour cela que je n’en achète jamais). Il s’approche du buisson, cueille un fruit et en aspire la pulpe. Yes!
Sur cette photo, le buisson et ses fruits sont visibles.
Notre prochain arrêt se fait à un chalet d’alpage, le Crozet au Boucher.
Nous remarquons que la commune de L’Abbaye prend grand soin de ses chalets. Celui-ci a le toit tout neuf.
Notre balade nous conduit ensuite vers La Racine, où nous envisageons de pique-niquer, espérant trouver de quoi nous poser un moment. Mais à part le mur (ce qui n’est d’ailleurs pas si mal), tout le reste est sous la neige.
C’est donc sur le mur que nous posons les sacs. Je trouve une pierre plus ou moins plate pour poser mon popotin. Nous profitons de la vue, de la douceur, du ciel bleu… bref de la beauté de la vie. Aujourd’hui, nous avons même droit à un dessert : une barre d’Ovomaltine Sport. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, c’est une barre de poudre de chocolat aggloméré. C’est cassant, étouffant mais délicieux. Lorsque nous étions petits, nos parents achetaient du Tonimalt que nous mélangions à du lait au petit déjeuner. En cachette, parfois, nous le mangions à la cuillère et le goût de l’Ovomaltine me rappelle beaucoup celui du Tonimalt mangé à la cuillère.
Rassasié mais ramollis, nous quittons La Racine.
La prochaine montée, si petite soit elle, me laisse haletante. Non, mes jambes n’ont pas aimé la farniente au soleil en mangeant. Nous découvrons un autre petit refuge, occupé cette fois. Des randonneurs s’y sont installés et mangent une fondue.
C’est le refuge Bon Accueil.
Chouette ! Stefano se dirige résolument vers le Mont Tendre. Bon, la montée ne va pas être facile mais le Mont Tendre, ça ne se refuse jamais.
Stefano part en faisant de longs virages. Moi, je relève les cales de mes raquettes et attaque face à la pente. Un pas après l’autre, tranquillement.
Nous arrivons à quelques secondes d’intervalle.
Et surprise… Nous avons le Mont Tendre pour nous alors que tout à l’heure, à La Racine, nous distinguions moult silhouettes bigarrées.
Les Alpes et le bassin lémanique.
Nous redescendons par le versant sud.
L’idée est de passer par Les Rochettes et d’aller faire quelques photos de La Cabane du Rocher.
Le couvert du Mont Tendre.
Le lieu dit Les Rochettes est une sorte de plateau rocailleux, parsemé d’arbres.
Au printemps, les fleurs (des gentianes principalement) envahissent l’herbe.
C’est ici également que pousse un de nos arbres préférés.
L’arbre à pique-nique (voir le billet Cabane du Servan) est enseveli sous la neige.
Je viens de prendre cette photo, me retourne pour me remettre face à la descente. Soudain, Stefano s’écrie : regarde, un lièvre ! Nous regardons, éberlués, un lièvre brun traverser la combe en courant. Wow… C’est une première ! Cela fait des années que les Two Swiss Hikers arpentent été comme hiver les sentiers du Jura. Pour avoir discuté quelques fois avec des connaisseurs, nous savons que le Jura abrite une faible population de lièvres (3 individus au km2), lièvres qui ne changent pas de pelage durant l’hiver. Mais nous ne nous attendions pas à en croiser un jour. Voilà qui est fait.
Voilà les traces laissées.
Et voilà l’endroit. Nous étions près des arbres morts, à gauche de la photo, lorsque nous l’avons vu.
Tout en nous dirigeant vers La Cabane du Rocher, nous commentons avec enthousiasme cette rencontre tellement inattendue.
Nous aimons beaucoup ce refuge. La première fois que nous l’avons vu, nous avons eu un coup de cœur.
La suite de la balade nous emmène au Sorcier. C’est un couvert, au toit tout neuf mais aux façades recouvertes de vieilles tôles.
Côté sud, le toit est bien dégagé.
Continuant sur notre lancée, nous arrivons à La Pivette.
Nous n’avons pas souvent fréquenté cet endroit.
Nous sommes en train de prendre quelques photos lorsqu’une fenêtre s’ouvre. Une dame nous salue. Elle nous dit que c’est la gardienne du chalet pour le weekend et que c’est son premier gardiennage. Elle nous invite à rentrer boire quelque chose, invitation que nous apprécions beaucoup mais que nous refusons poliment. Ah, cet esprit montagnard… nous l’aimons énormément.
Bon, c’est pas l’tout quand même. Il est presque 16h et la voiture n’est pas tout près. Va falloir penser à rentrer… et sérieusement. Tant pis pour la boucle. Nous repassons par le petit chalet sans nom découvert à l’aller. Je vous remets une photo, y’en a eu tellement aujourd’hui de ces p’tits chalets !
À 16h50, nous nous sommes certes rapprochés de la voiture mais elle reste encore loin.
Promesse tenue. Nous nous arrêtons au chalet du Pré de Denens, dire bonjour à Bars, le chat qui y a élu domicile. Mais Bars n’est pas là, sans doute en vadrouille.
Le chalet, qui même en hiver, ressemble plus à une colonie de vacances qu’à un chalet d’alpage. Mais il manque quand même une rambarde au balcon.
Il ne nous reste plus qu’à traverser le Pré de Denens pour rejoindre la route du Marchairuz et la voiture.
Voiture que nous atteindrons à 17h43, soit après plus de 7h30 de randonnée.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Au chalet du Pré de Bière.
Au Mont Tendre.