Face à une météo un peu capricieuse et surtout pas très optimiste, hier Stefano a ajouté une paire de bretelles à notre ceinture habituelle. Explications : nous étions censés quitter Farmington ce matin en direction de Chaco et y camper deux jours. Le vent, la pluie et la neige étant annoncés, Stefano a prolongé de 2 jours notre séjour ici, à Farmington, juste au cas où… La paire de bretelles, quoi…
Ce matin donc, sous le soleil, nous partons via Bloomfield vers Nageezi par la US-64 avec 3 plans :
– Plan A : une Wilderness Area appelée Lybrook
– Plan B : Chaco Culture National Historical Park
– Plan C : un petit tour à De-Na-Zin
Le plan A échoue. La piste ne conduit pas vraiment où elle devrait et Stefano rechigne à laisser la voiture (avec toutes nos affaires et les vélos) comme ça, au bord d’un chemin perdu au milieu de nulle part. En 5 secondes, le plan B est activé. Le prix à payer : 16 miles de piste. La vitesse y est limité à 35 mph et il faut rouler à presque 50 mph pour ne pas sentir chaque nid de poule. Yah là… Espérons que le sheriff ne traîne pas par là.
Ouf, après quelques kilomètres éprouvants pour les amortisseurs, nous arrivons à Chaco Culture NHP …
La Fajada Butte nous accueille. Je l’avais repérée de loin et m’étais dit que sa rondeur devait avoir séduit les Native Americans et donc par conséquent que Chaco devait être à proximité.
Devant le visitor center, un télescope est installé et un ranger enthousiaste nous encourage à regarder le soleil et ses éruptions. Nous voyons un cercle rouge et, sur la partie supérieure, nous distinguons deux volutes qui ne sont autres que des projections de masse de la taille de la terre. Fabuleux.
Nous montrons notre Annual Pass (acheté à Petrified Forest) et payons pour une nuit au camping. On ne sait jamais… Comme les premiers arrivés sont les premiers servis, nous nous disons que si ce soir il fait beau, alors, nous planterons la tente.
Voici la place que nous réservons. Côté table et fire pit (1) et côté tente (2)… Chouette, non ?
Comme il est déjà midi, nous choisissons un trail (le Pueblo Alto Trail) de quelques 5.4 miles (8.5 km), histoire d’avoir le temps de monter la tente et de faire à manger avant la tombée de la nuit.
Mais avant d’attaquer notre randonnée, nous partons à la découverte du Pueblo Bonito. Et là, c’est la surprise.
Rien de comparable en taille aux ruines découvertes l’année passée. Pueblo est un immense complexe en demi-cercle, installé au pied d’une falaise.
Puisque vous avez été sages, en avant première, nous vous dévoilons (car c’est une photo prise au cours de notre randonnée) un aperçu de taille et de la forme de Pueblo Bonito.
Voici notre première photo du site ; nous sommes alors loin de nous douter de ce qui nous attend un peu plus loin…
Des centaines de pièces réparties sur 3 étages, des kivas à perte de vue, dans un état de conservation excellent.
Une kiva.
Une autre construction en cercle parfait.
Le tout, accolé à la falaise, dont quelques rochers se sont détachés au fil des ans, détruisant une partie de Pueblo Bonito.
Angles droits…
et portes et fenêtre en enfilade.
Nous quittons le site en direction du trailhead.
D’autres ruines encore… Cette fois, il s’agit du lieu dit Kin Kletso.
Le sentier démarre juste ici et monte abruptement au sommet de la falaise.
Un regard en arrière et c’est parti !
Nous sommes tout de suite dans le vif du sujet.
D’en haut, nous avons un excellent aperçu de la structure de Kin Kletso.
Le sentier longe le rim et zigzague pour en suivre le profil.
Le soleil, bien présent ce matin, a disparu.
Nous arrivons en vue de Pueblo Alto.
La preuve !
Les ruines ici sont laissées à l’abandon et au sens civique des randonneurs.
Aucune barrière pour limiter le passage ou prévenir le vandalisme.
Et cela semble donner des résultats : les murs sont encore debout…
D’ailleurs, en parlant de murs, tous les murs ne se ressemblent pas. La manière dont sont emboîtées les pierres diffèrent d’une époque à l’autre.
Pour certains, 3 couches de pierres épaisses, puis 4 couches de pierres plus fines (1) (2). Pour d’autres, pas de pattern particulier (3).
Nous quittons Pueblo Alto pour continuer notre boucle.
Le sentier nous ramène sur le bord du rim.
Et tout à coup, nous n’en croyons pas nos yeux. Une volée de marches creusées dans la pierre.
Chacoan Stairway, aussi appelés Jackson Stairs. Petit rappel : les Indiens ne travaillaient pas le fer… Ils ont donc creusé ces marches avec des outils de pierre.
Vue sur les ruines.
Ah, que ne donnerions-nous pour un peu de soleil dans un grand verre de ciel bleu !
Petite partie de scrambling, pour le fun. Stefano est croisé avec un chamois, mais chut, faut pas le dire… Feu son papa se retournerait dans sa tombe.
Nous redescendons gentiment à la voiture.
Une fois en bas, nous faisons un tour au cimetière historique, où est enterré Richard Wetherill (autre orthographe possible Wetherell), une figure marquante et controversée de la fin du 19ème siècle. Il découvrit par hasard le site de Mesa Verde, dans le sud du Colorado, en 1888. Une expédition, organisée par le musée d’histoire naturelle de New York, et à laquelle prit part Richard Wetherill resta 5 années sur le site de Chaco Culture.
R. Wetherhill s’appropria ensuite les terres entourant Pueblo Bonito, Pueblo Del Arroyo et Chetro Ketl, dans l’intention louable de les protéger des pilleurs… Chaco Canyon fut déclaré Parc National en 1907. Richard Wetherhill fut abattu en 1910 lors d’une altercation avec un Indien, et enterré ici, à cet endroit qu’il avait choisi quelques années plus tôt comme son ultime demeure.
Le soleil est encore haut… Nous en profitons pour visiter un autre pueblo, Pueblo del Arroyo.
Nous apprenons ainsi que beaucoup de murs ou édifices n’ont pas résisté au temps à cause de deux erreurs de conception :
- pas de fondations
- deux murs formant un angle n’étaient pas liés l’un à l’autre mais seulement accolés, les pierres n’étant pas entrecroisées.
Néanmoins, les architectes avaient développés une technique pour pouvoir construire des édifices de 3 étages. Les murs du premier étage étaient très épais, pour supporter le poids des étages supplémentaires. Puis, au fur et à mesure des étages, les murs devenaient plus fins, afin de limiter au maximum le poids.
Gruyère du Nouveau Mexique.
Puis vient le moment de la grande décision. Should I stay or should I go, chante depuis un petit moment Stefano sans que je comprenne vraiment.
OK. Compris. Dormons-nous ou pas ici ? Il fait 4°, avec un petit vent froid et insidieux. Nous avons même enfilé les doudounes.
Demain, neige et pluie au programme. Comme dit Stefano “Le camping c’est bien quand il fait beau et chaud… Rentrons donc à l’hôtel”.
Inutile de vous dire que devant nos assiettes fumantes servies par Marcela au restaurant Tequila’s, nous n’éprouvons plus une once de regret. Nous espérons juste ne pas nous lever demain avec le ciel bleu et un grand soleil !
Flore du jour
Itinéraire du jour
Autoportraits du jour
Je suis tellement concentrée que je tire la langue !
Au restaurant, en train de manger des chips (ouais, je sais, c’est pas bien pour mon régime !)
Et enfin le sourire béat qui va bien lorsque le ventre est plein !