Cedar Point Petroglyphs

Lever à 5h30 car le programme de la journée est chargée, à commencer par l’exploration de pétroglyphes en dessous de Cedar Point le matin.

Nous quittons Blanding vers 7h, tout en nous arrêtant mettre un peu d’essence et vérifier la pression des pneus. C’est quelque chose qui m’a toujours étonnée : aux USA, pays des voitures par excellence, le gonflage des pneus se fait sans jauge. Ou au pif si vous préférez. Allez, un petit coup sur celui-là, un second un peu plus long sur l’autre… Autant dire qu’avoir la même pression sur les 4 pneus est pratiquement mission impossible.

J’en profite également pour nettoyer le pare-brise constellé de bêtes écrasées suite à notre rentrée de nuit hier soir. Nous sommes contents de nous remettre au chaud dans la voiture car l’air est frais. D’ailleurs, bientôt, et comme tous les jours précédents, nous avons droit au petit bip qui nous avertit que la température est propice au gel.

Aujourd’hui, nous devrions retrouver les grandes étendues, la solitude et les sites un peu plus confidentiels.

Direction Bluff puis la route qui monte vers Muley Point. À peine l’avons-nous empruntée que Stefano la quitte pour une autre route, la UT-316, celle qui mène à Goosenecks State Park, puis part sur la Johns Canyon Road, une piste bordée de tumbleweeds. La piste est d’abord caillouteuse puis sablonneuse et par endroits une épaisse couche de tumbleweeds écrasés recouvre les deux ornières.

La lumière est incroyable.

Nous devons déloger quelques vaches solitaires. Dans cet environnement hostile, mais que mangent-elles donc ?

Nous nous arrêtons à proximité d’une remorque sur laquelle trône une citerne jaune, citerne, si l’on en croit les étiquettes, initialement dédiée au transport de matières inflammables (essence ou diesel) avant d’être reconvertie en réservoir à eau. Au moins les vaches ont de quoi boire, à défaut d’avoir à manger…

Nous sommes ici en contrebas de Cedar Point. Stefano me promet de beaux cailloux recouverts de pétroglyphes. Et moi je bats des mains me réjouissant d’avance de ces découvertes.

Nous laissons la voiture non loin de la citerne, en espérant la retrouver intacte tout à l’heure. Mais ici, au moins, les vaches n’ont pas de cloches. Donc si elles viennent s’y frotter, les dégâts devraient être moindres; ce n’est pas comme dans le Jura.

Au loin, les buttes de Monument Valley.

Au menu du jour, nous avons l’exploration de rochers au bas de cette mesa, dont l’extrémité est justement appelée Cedar Point.

Sur certains de ces rochers, nous devrions trouver des pétroglyphes.

Bingo, très vite arrive le premier dessin.

C’est très primitif mais la forme anthropomorphique au corps carré est remarquable.

Lorsque la nature défie le bon entendement : cette touffe de Rubber Rabbitbrush prend ses racines dans une fissure de moins d’un centimètre de large.

Nous sommes assez surpris de trouver un sentier, qui, sans être une autoroute, est bien marqué, signe que le site est fréquenté.

Il se passe trente minutes sans qu’aucun rocher ne dévoile un quelconque dessin. Pourtant, certains blocs de rocher semblent réunir tous les critères à une explosion d’art : belle surface plane recouverte d’une couche de vernis, à hauteur d’homme avec une bonne exposition.

A la trente et unième minute, nous voici récompensés.

Quelques anthropomorphes, les inévitables bighorn sheeps – dont un dessiné avec la tête en bas – viennent se mêler à des formes géométriques et à une belle représentation d’un textile (tapis ou pagne ou couverture) sur la gauche. De nombreux points alignés viennent compléter le panneau.

A propos, si la représentation des bighorn sheeps vous intéresse, je vous conseille de lire l’étude de Maarten van HoekThe Potash Sheep Shifters – analysant la représentation et également la transformation de ces animaux au fil du temps.

La face incurvée du bloc de rocher tombé est, elle aussi, décorée.

Lorsque nous contournons le rocher, nous restons bouche-bée. La face non exposée est entièrement recouverte de dessins ; la densité est énorme. Nous la gardons pour le retour en espérant que la lumière soit un peu meilleure.

Longeant les flancs de la mesa, nous suivons le sentier, n’hésitant pas à le quitter pour aller explorer quelques rochers isolés.

Notre ténacité est parfois récompensée, comme ici, par exemple.

Les dessins ont été recouverts d’une couche de vernis, attestant de leur ancienneté.

Les plus visibles sont des mains et des anthropomorphes.

Nous avons très vite repéré ce gros rocher sur lequel nous distinguons des marques indistinctes.

Et nous n’avons pas eu la berlue.

Tout l’espace est occupé.

Ici, peu de bighorn sheeps mais beaucoup d’oiseaux. J’aime beaucoup, sur la photo de droite ci-dessous, dans la partie supérieure, la représentation de ce qui semble être une personne agenouillée, les bras tendus, comme suppliant.

Au vu des dessins qui se superposent, ce rocher a été utilisé par plusieurs générations d’artistes.

Le petit rocher, à côté, n’est pas en reste.

Il y a une magnifique représentation d’un homme-oiseau : un oiseau en guise de tête et des pieds et mains à trois doigts.

Là encore, la face à l’ombre du rocher recèle des trésors. Mais, en contre-jour.

Ce qui est surprenant, c’est la partie droite : les formes sont horizontales. Étrange, très étrange.

Comme les dessins horizontaux sont plus anciens que ceux verticaux, il n’est pas impossible que le rocher ait basculé, pivotant à 90°.

Sur ce rocher, un anthropomorphe filiforme avec des pieds et des mains surdimensionnés.

Éparpillés, d’autres dessins solitaires, quelques fois à peine visibles.

Et, peut-être, pour la toute première fois, un dessin d’un lapin. Enfin, ça n’engage que moi, certes, mais on sait que les lapins étaient chassés pour leur viande et leur peau. Alors pourquoi ne seraient-ils pas représentés, au même titre que les dindes et les chèvres ?

Nous nous sommes un peu décalés du sentier, montant sur le flanc de la mesa, en contre-bas de Cedar Point.

Sur certains rochers, les pétroglyphes sont très anciens et presque informes.

Sur d’autres, les dessins sont très stylisés, comme celui-là.

On dirait un esquimau.

Ce rocher sera le dernier. Il est presque midi. Le temps a filé. Ça fait plus de trois heures et demi que nous avons quitté la voiture. Nous renonçons à pousser jusqu’aux prochains rochers car aucun sentier ne s’y dirige et mon observation à la jumelle n’a rien donné.

Nous avons besoin de temps car Stefano a prévu une seconde activité avant la fin de journée.

Sur ces deux rochers jumeaux, peu de surface est utilisée mais les dessins sont précis.

Le bonus est ce petit bonhomme, caché sous une alcôve, tout très du sol.

Nous reprenons le sentier et marchons d’un pas rapide vers notre rocher aux formes horizontales.

La lumière n’est pas meilleure qu’à l’aller. Nous notons de revenir un jour ici en fin de journée.

À proximité, de nombreux éclats de pierre jonchent le sol, témoignant d’une activité intense de taille de pierre pour la fabrication d’outils ou d’armes. On voit très nettement des morceaux de pierre ayant reçu deux ou trois coups sur leur bord avant d’être abandonnés. Nous passons quelques minutes, pleins d’espoir, à la recherche d’une pointe de flèche oubliée. Comme nous disons souvent, nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise. Mais rien.

Côté soleil, c’est toujours aussi beau.

Nous revoici au premier rocher aux deux faces recouvertes de pétroglyphes. Nous avions ignoré la seconde, à l’ombre, à l’aller. Voyons maintenant ce que ça donne, près de trois heures plus tard.

C’est mieux, c’est mille fois mieux.

Et surtout, c’est très très beau. Les lignes parallèles et ondulées de points embellissent le panneau.

(1): il y a un très bel exemplaire d’un homme-oiseau : la tête est un oiseau et ses mains ont trois doigts.

(2): là aussi, je dirais que le personnage central, qui tient un bâton dans chaque main, a une tête d’oiseau.

(3): sur cette partie, plus touffue,  la ligne ondulée pourrait très bien représenter une carte, peut-être même d’un cours d’eau

(4): enfin, là ,nous avons mis du temps à le voir … Un magnifique bighorn sheep.

Voilà. Nous savons qu’après ce rocher, il n’y a plus que du déjà vu. Nous pouvons donc rester sur le sentier, commentant avec enthousiasme nos découvertes de la journée.

Joli arbre…

Arrivés à la voiture, nous reprenons la piste et roulons encore en direction de Johns Canyon. Nous stoppons net lorsque, devant nous, la piste, bien qu’en gardant sa largeur, devient aérienne : côté droit, elle frôle une falaise et côté gauche elle frôle le vide. Au fond, coule la San Juan River. Ayant déjà vécu cela sur la Potash Road et le Schaeffer trail, et ayant moyennant apprécié, nous faisons demi-tour alors qu’il est encore temps. Nul besoin de se stresser, d’autant que le stress peut être le déclencheur potentiel d’un malaise vagal. Chic, nous avons maintenant une excuse à notre côté chicken.

Quel soulagement de constater que les tumbleweeds n’ont pas envahi la route malgré la petite brise constante qui souffle depuis ce matin. Il faut cependant que je descende deux ou trois fois de la voiture pour en attraper un, délicatement, et le jeter sur le côté.

Nous croisons un camion transportant une citerne et roulant à vive allure. Il est bien large et n’a que faire des tumbleweeds, qu’il écrase allègrement. Pour les deux ou trois jours à venir, la piste sera bien dégagée.

À suivre…

Flore du jour

Des fleurs, sans doute de la famille des sunflowers, momifiées.

Là, ce sont peut-être des asters.

Autoportraits du jour

Références externes

En anglais

Peu de documentation disponible concernant Cedar Point et ses pétroglyphes, à part le site ci-dessous.
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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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