Partis avec l’idée de faire une marche sur les pentes du Mount Rainier, nous nous retrouvons, un peu par hasard, au Camp Muir, à 3’088 mètres !
Mais commençons par le commencement.
Ce matin, nous prenons le petit-déjeuner dehors, sur une des tables du Gateway Inn. Notre cabine est parfaite mais il lui manque une table.
À cette heure-ci, il n’y a personne et seules quelques voitures passent sur la route, en direction du parc. La plupart sont par ailleurs les voitures officielles des rangers commençant leur journée.
Aujourd’hui, me dit Stefano, nous montons à Paradise, au pied du Mont Rainier.
Il est a quelques sentiers, dont la plupart sont goudronnés pour résister aux énormes quantités de neige que cette face du Mont Rainier reçoit : 20 à 27 mètres de neige constituent une quantité moyenne.
Il y a environ 30 km de route à parcourir et à chaque virage, je trépigne. Le Mount Rainier est magnifique.
J’ai droit à un arrêt pour une photo. Merci Stefano !
Sur le parking, nous discutons avec un homme au look de baroudeur en train de préparer son petit-déjeuner à deux pas de sa voiture. Sur un petit barbecue, cuisent bacon, steaks hachés et œufs…
Il voit nos drapeaux suisses accrochés à nos sacs. Ils nous interpelle et est tout fier de nous montrer ses skis de randonnées de marque Movement, conçus par une société suisse basée à Puidoux.
Nous commençons par le Nisqually Vista Trail. De trail il n’a que le nom vu qu’il est sous la neige ! Nous sommes tout contents d’avoir pris nos bâtons (tu sais p’tit Lô, nos supers bâtons Leki, dont tu as sponsorisé récemment les attaches !).
De temps en temps, un piquet planté dans la neige nous indique le chemin.
Ooops… Nous nous sentons tous petits, mais vraiment tout petits.
Nous voici au point de vue.
Au fond, Mount Rainier, bien sûr! Puis le Nisqually Glacier (1). Et enfin la Nisqually River qui s’en échappe. Nous entendons son bruit furieux lorsqu’elle surgit de dessous le glacier (2).
En quelques dizaines de minutes, nous avons fini la boucle au terme de 1.4 miles.
Notre petite « marchouillette » nous a mis en confiance. Avec les bâtons, la marche sur la neige est aisée. La neige est compacte et nous ne nous enfonçons pas.
Il est temps de passer à des choses plus sérieuses. Nous partons donc en direction du sentier Deadhorse Creek.
Le temps est magnifique. Nous vivons un rêve éveillé. Jamais nous n’aurions pu rêver de meilleures conditions ni d’un paysage aussi merveilleux.
Derrière nous, tout au fond et un peu dans la brume, le Mount Adams, un autre volcan de la Cascade Range.
À quelques centaines de mètres, sur notre droite, le vrai sentier. Nous marchons parallèlement à un groupe de randonneurs. Ils sont peut être une dizaine. Leur équipement (piolets, sacs à dos volumineux) nous fait dire que ceux-là sont des randonneurs sérieux, voire des alpinistes. Ils sont visiblement en route pour aller au sommet du Mount Rainier.
Nous atteignons une langue de terre dégagée. Même si sa couleur semble être du brun, des milliers de petites pousses vertes, de quelques centimètres, voire millimètres envahissent le terrain.
Déjà quelques fleurs ont fleuri (voir la rubrique Flore du Jour).
Dans quelques semaines, cette langue de terre triste et monochrome se sera transformée en un pré multicolore.
Au fond, un rocher sur lequel une marmotte se prélasse au soleil.
Nous rejoignons le sentier officiel, le Skyline Trail, et marchons un petit moment sur du dur.
Nous nous arrêtons fréquemment pour faire un 360°.
Ouvrez grands vos yeux ! Ici, nous voyons le Mount Adams à gauche, et le Mount St Helens à droite.
Pas vus ? Allez, soyons sympas…
Le Mount Adams en gros plan. Il est aisément reconnaissable à sa forme de chapeau melon.
Le Mount St Helens, lui aussi aisément reconnaissable à sa face éventrée. Nous irons passer 4 jours à ses côtés, et vous aurez tous les détails dans les billets à venir.
La neige n’est pas blanche… Si si, c’est vrai !
Des milliers de grains de poussière, de pollen la recouvre. Par endroit, elle est striée de rose.
C’est très nettement visible au bas, à droite de cette photo.
Un petit zoom ?
Sans nous en rendre vraiment compte (bon avouons quand même que nous transpirons au peu beaucoup, mais c’est plutôt dû à la chaleur et la réverbération du soleil sur la neige), nous avons pris de la hauteur.
Il est presque 11h, et nous marchons depuis presque 1h30.
Alors que les groupes de grimpeurs empruntent le plus court chemin, le Pebble Creek Trail, nous continuons sur le Skyline Trail.
Ce sentier nous emmène vers un point de vue, Panorama Point. Plus que le point de vue, ce sont les WC qui nous intéressent. Marcher à découvert c’est bien, mais dans une certaine limite. Nous sommes tout de même à 2’060 mètres au dessus du niveau de la mer.
Nous profitons de l’infrastructure robuste mise en place…
… et apprécions le luxe de ces lieux (1). La porte doit rester fermée (2) pour cause de marmottes (3) qui pourraient se retrouver prisonnières.
Nous reprenons le sentier. Nous ne savons pas vraiment où nous allons.
Aujourd’hui, notre devise c’est : Tant que nous pouvons monter, montons !
Nous abandonnons bientôt le Skyline Trail qui commence à redescendre.
Nous ne sommes pas perdus. Sur notre gauche, nous apercevons les groupes d’alpinistes.
Nous marchons maintenant sur une crête et sommes exposés à un vent violent. Heureusement, nous avons nos Ten Essentials et même plus. Du coup, nous revêtons nos Gore-Tex.
Au loin, notre baroudeur de ce matin avec les skis made in Switzerland, qui à priori a fini son petit déjeuner copieux.
Devant nous, un immense champ de neige : le Muir Snowfield.
À cet instant, je ne sais même pas que le Camp Muir existe. Stefano l’a certes vu sur une carte, mais il n’y pense même pas une seconde.
Cette immense étendue de neige nous interpelle. Ce n’est pas un glacier, donc nous ne risquons rien : pas de crevasses, pas de glace.
Nous continuons, irrésistiblement attirés par la montagne.
Vous aurez remarqué que nous avons ôté nos vestes. Il fait bon chaud.
Nous traversons le champ de neige en quête d’une langue de terre.
À notre gauche, à quelques centaines de mètres, le Nisqually Glacier.
Nous nous arrêtons. Il est 13h45 et nous sommes à 2’758 mètres.
Vu l’heure, nous nous disons qu’il serait bon de penser à revenir sur nos pas. Nous sommes enthousiastes et tellement contents d’avoir pu arriver jusque là !
La vue est magnifique. Soudain, je regarde plus haut. Au bout du champ de neige je distingue une cabane. Je la pointe du doigt.
Le Camp Muir, me dit Stefano, après avoir consulté la carte.
Je le regarde avec un air interrogateur. Stefano consulte sa montre. Il calcule qu’il nous faut 30 minutes pour y arriver. Nous discutons et concluons que la descente se fera sans doute plus rapidement que la montée. Bien sûr car c’est plus facile (merci Monsieur Lapalisse) mais aussi car nous avons vu des personnes descendre en courant ou sur les fesses, en glissant.
OK, dit-il, mais j’accélère le pas.
Je me colle dans ses pas. Je fais le vide dans ma tête et ne pense qu’à une chose : un pas après l’autre. Le temps n’existe plus.
C’est lorsque Stefano s’arrête pour prendre quelques photos que nous nous rendons compte que nous sommes quand même essoufflés.
Tout à droite de ce cliché, à droite du premier triangle de cailloux, on peut distinguer le Camp Muir.
Les 30 minutes se transforment en 40 minutes…
… puis en 50 minutes.
Allez, encore un petit effort.
Nous y voilà ! Ouf, fous sommes tout de même à 3’088 mètres.
Nous envoyons notre message SPOT du jour.
Un vent violent et froid souffle. Nous trouvons un micro-abri, mangeons une Clif Bar et mettons nos guêtres.
Un dernier regard et nous entamons la descente.
Le soleil a ramolli la neige. Nos talons s’y enfoncent, à une profondeur idéale pour nous empêcher de glisser mais trop faible pour gêner notre avancée.
Nous commençons à courir, ivres de joie. Nous chantons et crions notre allégresse. Nous imaginons les personnes restées au camp, hochant la tête et pensant « Touristes, va ! ».
Stefano s’essaie même à la glissade. Je fais de même. Nos shorts ont tôt fait d’être trempés. Mais c’est tellement fun !
Il nous faut 14 minutes pour descendre ce que nous avons monté en 50 minutes. Nous serons à l’heure au dîner, ce soir… Même pas en retard.
Néanmoins, nous ralentissons notre rythme. Primo pour ne pas nous épuiser,
et secundo pour profiter du panorama.
Car le panorama est E X C E P T I O N N E L.
Nous dépassons un groupe de 3 personnes. L’une d’elle porte le sac à dos d’un autre. L’autre, en question, avance comme un robot, à petits pas. Nous entamons la conversation avec le troisième qui a décoré son sac à dos du drapeau du Canada (car les canadiens n’aiment pas qu’on les prenne pour des américains…).
Ils redescendent du Mount Rainier. Il nous narre son aventure et nous ne pouvons nous empêcher de la comparer à notre aventure au Kili. Même mode opératoire : départ du camp aux alentours de minuit, et retour jusqu’en bas dans la journée.
Il se retourne et remercie encore son guide de l’avoir mené jusqu’en haut. À l’entendre, le guide a dû trouver d’autres méthodes que des simples encouragements. Nous n’en saurons pas plus. Le guide, goguenard, deux sacs à dos sur le dos, rigole, en pleine forme. Je mettrais ma main à couper qu’il est capable comme ça, de remonter jusqu’en haut.
Sans nous en rendre compte, nous arrivons à Paradise.
Le parking, le visitor center, sont noirs de monde.
Nous rejoignons la voiture, les yeux encore brillants à la pensée de notre balade.
À 18h15, nous attaquons notre Chicken Teriyaki. Et puisque aujourd’hui notre balade se solde par un dénivelé positif de 2’027 mètres, nous nous offrons une part de Blackberries Pie fait maison accompagnée d’une boule de glace vanille.
Bon, nous sommes d’accord : une part pour deux, il ne faut qu’en même pas exagérer !
Faune du jour
Une marmotte (la même que tout à l’heure).
Un petit écureuil, ou Chipmunk.
Et une autre marmotte, tout près de Panorama Point.
Et là, encore un Chipmunk.
Flore du jour
D’abord une photo de la famille…
… puis, la fille.
Autoportraits du jour
Sur le Nisqually Vista Trail.
Sur le DeadHorse Creek Trail.
Sur notre langue de terre, lors du pique-nique au Camp Muir.
Toujours au Camp Muir.