Partis de Goglio, nous montons vers Ausone et le Lago di Agaro. Nous le trouvons partiellement gelé et une coulée de neige traversant le sentier qui mène à sa pointe nord nous stoppe très rapidement. S’ensuit un petit détour vers Corte Verde avant de redescendre à la voiture par Costa.
Nous venons de passer deux jours coincés dans l’appartement. Il a plu sans discontinuer, jour et nuit, nuit et jour. Nous avons donc pu récupérer de notre marchouillette de la veille, réviser une belle liste de mots italiens, comparer moult vans et camping-cars, jouer aux cartes et prendre du bon temps. Hier, en fin d’après-midi, nous sommes partis en voiture vers Riale, tout au fond de la vallée Formazza, pour faire un état des lieux de la quantité de neige. Et quantité il y a. Le plateau, converti en piste de ski de fond l’hiver, est toujours interdit aux voitures. Un canon à neige crachote quelques flocons. Nous avons droit à une brève (mais très brève) éclaircie qui libère les cimes de la ouate qui les cache. Sans surprise, elles sont enneigées et même la route qui mène au Passo San Giacomo ne semble guère praticable à pied. De vilaines coulées de neige sale ornent chaque couloir et nous nous disons qu’il ne ferait pas bon être pris dans l’une d’elle. Le retour à San Rocco se fait tout tranquillement, sans voiture qui nous colle aux fesses car nous roulons comme deux pépères en vacances, pas pressés pour un sou, un peu trouillards à cause de l’étroitesse des routes et de la profondeur des ravins qui les bordent.
Conclusion : nous allons être réduit dans notre choix de balade et contraints de rester à basse altitude.
Ce matin, au petit déjeune, la pluie a cessé. Le ciel est encore chargé et gris sombre mais quelques taches bleues nous font imaginer qu’une belle journée se dessine. Oui, nous sommes d’incorrigibles optimistes.
Donc, aujourd’hui, le programme du jour consiste à monter au barrage de Agaro par la route depuis Golio et une fois sur place nous aviserons où aller en fonction de la neige restante.
Nous garons la voiture près du pont entre les deux centrales électriques. Nous espérons qu’elle ne s’ennuiera point, là, toute seule, sur le bord de la route.
Celle en arrêt est encore plus misérable que dans nos souvenirs. Les vitres brisées sont encore plus nombreuses et l’inclinaison de l’épi de faitage de la tour à l’horloge (arrêtée bien sûr) est plus marquée.
Nous commençons par suivre la route vers Devero. Aucune voiture ne nécessite que nous tenions nos bâtons à l’horizontal afin de ménager une zone de sécurité.
Arrivés près de l’immense et majestueux hêtre, j’arrête Stefano, prêt à le prendre en photo et lui dit : attends, je vais me mettre à côté de lui, pour donner une idée de sa taille. Voici le résultat : la petite tache bleue, c’est moi, du haut de mes 1.63 mètres.
Nous attrapons l’embranchement pour Ausone.
Il fait déjà chaud lorsque le soleil est présent. Les cimes sont enneigées.
Nous croisons un monsieur en train de couper de jeunes arbres. Il nous rattrape un peu plus tard alors que nous sommes arrêtés pour notre première barre de la journée.
Vue sur la vallée, en direction de Baceno.
Encore un virage pour rejoindre au village d’Ausone.
Arrivés près de l’église, nous croisons une dame poussant une brouette remplie de belle terre noire. Elle va venir remplir un bac devant l’église où seront plantées 4 graines de tournesol. Le père de cette dame est né ici et son grand-père à Agaro. Elle est très ancrée dans le passé et se désole de l’évolution de la mentalité des gens de l’Italie. Les Walser avaient peu, nous dit-elle, mais c’était des gens droits et respectueux de la terre. Lorsqu’elle mentionne qu’une des toiles de l’église, vieille de quelques siècles, a été dérobée, nous comprenons mieux son amertume.
Voici sa maison. La pierre gravée est en mémoire aux habitants d’Agaro.
Nous poursuivons notre chemin, laissant derrière nous les quelques maisons du village d’Ausone.
Sur la route, le goudron fait place aux pierres.
Voici l’entrée du tunnel. Un sentier par sur la droite. Outre le EE qui précède son numéro (EE pour Escursionisti Esperti), le panneau triangulaire bordé de rouge représentant une silhouette perdant l’équilibre suffit à nous conforter dans notre choix d’emprunter le tunnel.
Cette fois ci, nous n’oublions d’appuyer sur le bouton magique qui enclenche le minuteur. Nous aurons ainsi de la lumière pour 30 minutes.
Est-ce à cause de la fonte des neiges ou des fortes pluies de ces derniers jours, mais de l’eau s’infiltre du plafond de roche brute et nous devons zigzaguer pour éviter de nous faire tremper. Parfois, nous n’avons le choix, puisque l’eau dégouline sur toute la largeur du tunnel.
La seconde partie est quand même plus sèche et le sol plus régulier. La conduite forcée, avec ses séries de rivets maintenant les morceaux entre eux, me renvoi l’image du sous-marin du capitaine Nemo. La température descend me forçant à mettre des gants, même si la sortie est proche.
Arrivés à la sortie, je laisse Stefano prendre quelques photos et colle mes mains sur une pierre chaude chauffée par le soleil.
Nous entamons la montée exigeante vers le bâtiment technique puis trouvons à mi-chemin une sorte de petit refuge offrant de beaux rochers plats, et une fontaine.
Autant de critères que font de cet endroit un lieu idéal pour le pique-nique. Assise sur un banc rudimentaire, je contemple les flancs des Monte Forno et Monte Gorio qui bordent la rive est du Lago di Agaro.
Le lac est partiellement gelé et la glace dessine de belles arabesques.
En face, les coulées de neige se jettent dans l’eau. Notre première idée est de longer le lac, dont le niveau est très bas, pour rejoindre l’alpe où nous avions acheté du fromage bettelmalt l’année passée.
Une coulée de neige recouvrant un torrent nous arrête dans notre élan. MC a une phobie de ce type de combinaison, imaginant la neige cédant sous ses pieds pour ensuite se noyer.
Sans hésiter, nous rebroussons donc chemin.
Stefano propose de monter vers Costa verde, un ancien alpage Walser. Le sentier zigzague dans la pente abrupte, souvent transformé en ruisseau. Nous arrivons sur un plateau où il y a deux ruines d’anciennes étables et trouvons les premières plaques de neige sur le sentier.
Nous parvenons à les négocier jusqu’à retrouver l’herbe.
Un peu plus loin, à Costa Verde, deux magnifiques étables.
Nous admirons les parois et portes en bois vieillis dont la couleur orange vif nous ravit.
Le versant sur lequel nous sommes est bien exposé et la neige est rare. Après avoir regardé le GPS, Stefano propose de continuer. Le sentier est encombré de branches de mélèzes qui ne cherchent qu’à faire trébucher le randonneur distrait.
La neige reprend du terrain.
Au terme d’une belle montée, nous arrivons sur une sorte de col duquel nous avons une belle vue sur le Pizzo Nava, si je ne me trompe pas.
Le sentier continue mais une plaque de neige posée sur une pente abrupte nous fait réfléchir. Toute glissade peut être fatale, avons-nous coutume de dire. Et même s’il n’y a qu’une trentaine de mètres à traverser, le risque nous semble trop élevé. C’est avec un peu de regret que nous décidons de revenir sur nos pas. Dommage, car nous aurions pu faire une boucle, par l’Alpe Nava d’abord, puis l’Alpe Fontane pour ensuite arriver à Cologno pour revenir vers Goglio.
Nous négocions prudemment la descente. Le terrain est raide, mouillé, glissant et une marche ratée pourrait nous valoir une baignade forcée.
De retour au niveau du barrage, Stefano propose de descendre par le sentier qui mène à Costa. Celui-là même que nous avions emprunté dans le sens de la montée, en octobre dernier.
Là encore, de longues sections sont transformées en ruisseau et nous faisons très attention à ne pas glisser.
Arrivés à un croisement, nous ne réfléchissons pas et partons à droite. Après quelques minutes, Stefano dit : c’est marrant, je ne reconnais pas les lieux.
Effectivement, nous arrivons sur la piste. Costa est derrière nous, à environ 200 mètres. Malgré l’heure tardive, nous décidons de faire l’aller-retour.
La lumière, sur Pioda Calva, est va nous permettre d’en faire quelques photos.
Il ne nous reste plus qu’à rejoindre la route qui descend à Goglio. Dans les souvenirs de MC, 2 montées auraient dû nous y amener rapidement. Il s’avèrera que ses souvenirs étaient pourris. Le sentier ne fait que monter et ne s’arrête jamais.
Mais tout arrive à qui sait marcher et nous arrivons enfin sur la route goudronnée. De là, il n’y a plus que de la descente. La température est idéale, le soleil brille mais reste doux. Les cimes sont toujours enneigées et reflètent le soleil. Quelques centaines de mètres avant d’arriver à Golio, nous sommes à l’ombre et la température chute brusquement.
Nous rejoignons la voiture à 18h30. La journée fut belle, même pas entachée par les deux demi-tours auxquels la neige nous a forcés.
Flore du jour
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
A l’entrée du tunnel.
Dans le tunnel.
Lors du pique-nique, au refuge Birken Seil.
A Costa.
Toujours à Costa. Derrière nous, la Pioda Calva (la pierre chauve).