Visite de Djúpivogur, un charmant village situé sur la côte est de l’Islande, petit par sa taille (456 habitants) mais grand par son histoire.
Au réveil, le ciel est bleu. Bleu pétant, éclatant, surprenant. Quelques nuages s’accrochent aux crêtes de montagnes qui borde le fjord.
Le petit déjeuner est servi dans une grande salle attenante à l’hôtel. Au vu de sa disposition, des boules de lumière accrochées au plafond, elle doit faire office de salle des fêtes du village.
Djúpivogur, le village où vint se réfugier Hans Jonathan, un métis esclave, appartenant à une famille danoise installée aux Caraïbes. Lorsque la famille rentra au Danemark – où l’esclavage était interdit – avec Hans Jonathan dans ses valises, ce dernier se battit vainement pour sa liberté. Devant être renvoyé aux Antilles, il s’échappa et arriva en Islande, à Djúpivogur. Il avait un peu plus que 17 ans. Il fut vraisemblablement le premier homme de couleur à arriver sur l’île. Ce n’est que bien des années plus tard, vers 1990, que l’histoire de Hans Jonathan émergea. Ainsi, on sait maintenant qu’il se maria en février 1820 et qu’il eut trois enfants dont deux atteignirent l’âge adulte. En 2018 une étude génétique identifia 788 de ses descendants.
Djúpivogur, pionnier en matière d’observations météorologiques, où elles débutèrent en 1874.
Djúpivogur, détenteur du record de chaleur en Islande, enregistré le 22 juin 1939 : 30.5 °. Alors que son pic le plus bas est de -22.9°.
Mais trêve de digression. Revenons au petit déjeuner. Mémorable. Un choix extraordinaire de mets locaux, dont une bouteille d’huile de foie de morue autour de laquelle sont placés de petits verres à liqueur. Non, à huile de foie de morue. Car l’Islande est le berceau de cette boisson délicate. Une feuille A4 vante les mérites du savoureux cocktail. Nous observons un homme, un local peut-être, avaler une bonne rasade. Pendant le temps que nous sommes restés assis, nous avons quelques gosses rentrer par une porte dérobée, être accueillis par une serveuse et repartir avec un copieux petit déjeuner en main.
Repus, nous chargeons la voiture. Durant le repas, nous avons établi le plan de la journée. Elle commencera par une balade autour du village, afin de profiter du temps magnifique. Un peu de chaleur sur la peau et de ciel bleu pour nos yeux ne peuvent nous faire que du bien. Ensuite, nous prendrons la route, avec un arrêt prévu à Vok, pour des bains, avant de poursuivre jusqu’à Möðrudalur. 300 km de route, porte à porte.
Nous sortons donc de l’hôtel tous guillerets, ravis de notre bonne fortune, face à ce magnifique panorama.
A l’hôtel, nous avons trouvé un petit dépliant qui indique quelques balades à faire autour du village. Celle choisie par Luana va suivre le bord de la péninsule au nord-est de la bourgade. D’abord, nous ferons face aux montagnes de l’autre côté du fjord Berufjörður, puis nous aurons en ligne de mire la pleine mer, avec l’île de Papey en ligne de mire.
Cette montagne pyramidale que l’on voit, au centre, semble si haute… Et pourtant, Búlandstindur – c’est son nom – ne dépasse guère 1069 mètres d’altitude.
Le village de Djúpivogur. 456 habitants.
Le sentier se perd parfois dans des herbes marécageuses, particulièrement ici, à proximité de ce petit étang.
L’ultime anse, au bout de la péninsule.
Nous avions presque oublié la délicieuse sensation du soleil sur la peau. La brise marine maintient l’air frais et vivifiant. Même si nos yeux sont encore pleins du merveilleux paysage de glace et d’eau du Jökulsárlón, l’absence de soleil nous a maintenu dans une atmosphère peu colorée, presque monochrome. Aujourd’hui, par contre, c’est une explosion de couleur.
Le côté « presque » pleine mer.
Il semble bien que le sentier se dirige résolument vers un petit promontoire. Luana râle pour la forme. Quoi, une montée ?
De là, nous dominons la mégapole de Djúpivogur.
De retour au centre du village, nous partons à la recherche d’un musée – Auðunn’s Stone & Mineral collection. Mais il est fermé. Néanmoins, ces deux petites bicoques de tôle ne passent pas inaperçues.
L’épisode ensoleillé ne sera que de courte durée. Nous prenons un café non loin du port. Le serveur est français. Encore un !
Petites maisons pour les hidden people.
Et voici notre hôtel, le Framtíð. L’édifice fut construit en 1906 par un Danois qui achemina les matériaux de Copenhague. Magasin durant ses premières années d’existence, en lien avec la société Framtíðin établie dans le village de Seydisfjordur, quelques fjords plus au nord, il fut ensuite converti en bureau de poste en 1946 avant d’être transformé en hôtel en 1963.
Notre « char » est la grosse poubelle blanche. Lorsque nous avons demandé au gérant de l’hôtel si nous pouvions la laisser quelques heures, le temps de notre promenade, il a écarquillé les yeux, surpris. Nous réalisons l’absurdité de notre demande : les places libres, ici, ne se paient pas très cher.
Flore du lieu
Eh oui, Luana, tu avais raison. Il s’agit bien de camomille. Mais sans puffin…
Autoportraits du lieu
Près de la table d’orientation.