Depuis deux jours, Stefano étudie des variantes de tracés pour les Aiguilles de Baulmes. La météo du jour n’annonce pas un grand ciel bleu, tout comme celle de demain. Nous suivons donc sagement la citation qui dit : il ne faut pas remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même.
A 10h45 (ouais, nous avons pris notre temps ce matin, c’est quand même le week-end), nous sommes garés à Baulmes, non loin de la gare. La TSH Mobile a encore ses quatre roues et ses deux rétroviseurs.
Ah, d’ailleurs, le « l » de Baulmes ne se prononce pas.
L’ancienne école, transformée en banque. Jolie reconversion. Au fond, ces falaises rocheuses constituent les Aiguilles de Baulmes. L’une d’elles culmine à 1’559 mètres.
Nous traversons le village du bas vers le haut avant d’arriver au départ du sentier.
Aiguilles de Baulmes : 2h50. Mais Stefano en a décidé autrement. Nous commencerons notre boucle par monter au Suchet. Sur la photo ci-dessous, c’est la troisième direction dont on ne voit pas le texte.
S’ensuit une belle et pittoresque montée (par belle entendez par sa déclivité) dans la forêt au sol moussu et souple.
Nous marchons sur le Sentier des Crêtes, celui-là même que nous arpentons régulièrement vers le Col du Marchairuz.
Le sous-bois est magnifique. Les responsable de la signalétique des sentiers n’ont pas lésiné sur les moyens. Même par temps de grand brouillard, impossible de se perdre.
Le sentier est bordé de bornes. Leur reconversion en indicateur de sentier est récente. Nous nous demandons si elles ne marquaient pas la frontière franco-suisse, en des temps reculés.
L’automne est là, c’est indéniable. Nous mettons sur le compte de la sécheresse ces feuillages déjà brunissant. Diable, l’été n’est fini que depuis… 1 jour.
Au gré de la végétation, nous apercevons parfois les Aiguilles de Baulmes.
Notre premier objectif se précise : Le Suchet.
Lors d’une partie de sentier un peu plus raide que les autres, je demande à Stefano : allez, fais moi mal. À combien est ton pouls ? Je regarde sa Fitbit : 90 bpm. Je regarde la mienne : 145 bpm. Bon, no comments. Nous éclatons de rire.
Entre notre crête et les Aiguilles de Baulmes, un vaste alpage.
Le fameux alpage et ses chalets. Les vaches y paissent encore.
Yverdon et le Lac de Neuchâtel au loin.
Arrêt sur image. Stefano en mode marcheur.
Nous sommes vraiment sur la crête.
Le Suchet. C’est un spot de départ de vol libre. D’où le manche à air.
Parce que le ciel est joli.
Nous continuons vers le sud ouest pour aller voir une croix.
Croix que voilà, avec une belle perspective sur Le Suchet et les Aiguilles de Baulmes.
Nous descendons vers Grange Neuve. La majeure partie du sentier, constitué de racine et de pierre, est à l’ombre. Le tout bien évidemment humide à souhait. Nous allouons 100% de nos neurones à la prise de décision : où poser notre pied au prochain pas pour ne pas glisser ou trébucher. Pas facile la vie de randonneurs…
Enfin nous retrouvons le sec et un plat tout relatif.
Grange-Neuve. Le chalet, pas la vache.
Un groupe électrogène fait un raffut du tonnerre. Le bruit et la vingtaine de voitures garées à proximité enlève le charme de l’endroit. De même que l’odeur pestilentielle que dégagent quelques porcs, parqués dans l’enclos de pierre.
Nous montons voir les fortifications. Rien que du béton en train de se décomposer, laissant apparaître une structure métallique en piteux état.
Après la fortification, notre itinéraire se précise. Arriver à la route où passe la voiture, la suivre un peu sur la gauche puis attaquer la montée vers les Aguilles de Baulmes.
L’itinéraire embarqué par Stefano nous fait prendre un sentier non balisé qui grimpe sec au pied des falaises.
Quelques personnes y pratiquent l’escalade. D’autres dévalent le sentier en courant. Nous les regardons, pensifs.
C’est à partir de là que commencent les choses sérieuses.
Le sentier disparaît, nous laissant face à une pente de plus de 70°. C’est une coulée de cailloux, entre deux falaises. Nous avons un moment de doute, mais l’idée de redescendre par ce sentier où nous pouvons nous casser le cou à tout instant ne nous séduit pas. Entre deux maux, nous choisissons le moindre, à savoir la montée. Heureusement, sur la partie droite de la coulée de pierre, il y a une partie plus terreuse avec quelques arbres dont les racines affleurent le sol. Nous crapahutons tant bien que mal, nous concentrant sur nos pieds et nos mains, évitant de regarder en bas. Nous avons chacun nos craintes : la mienne est que Stefano se bloque, n’arrivant plus ni à monter ni à descendre. Celle de Stefano est que je me fasse mal. C’est d’ailleurs cette idée qui l’inhibe. Sans toi, je serai plus à l’aise me dit-il.
Nos frayeurs et doutes feraient sans doute éclater de rire les grimpeurs confirmés qui sillonnent les lieux depuis des décennies. Les Aiguilles de Baulmes sont un site connu d’escalade. Mais nous n’en avons que faire. Notre objectif est de rester en forme sans nous blesser pour profiter à fond de notre retraite, lorsqu’elle viendra.
Merci à Marcel Demont pour ce croquis. Nous avons suivi le tracé dit du Arête du Pierrier en partant du premier parking à droite.
Nous encourageant mutuellement, nous arrivons sur la crête, après un passage encore plus exposé que les autres.
Ouf, nous sommes tirés d’affaire.
En face, Le Suchet.
C’est sous le bosquet de pins, non loin de la croix que nous pique-niquons. Il est 16h13. Mieux vaut tard que jamais !
Rassurez-vous. Nous ne nous sommes pas laissés mourir de faim : nous avons 3 barres dans chacun de nos ventres.
Oui, nous y étions. 1’559 mètres au dessus du niveau de la mer.
Maintenant, vient la partie facile. La descente via des sentiers officiels. Nous prévoyons une arrivée à la voiture vers 19h.
Nous suivons sagement le sentier lui-même qui suit sagement le bord des falaises, sans trop s’y approcher.
Un mignons petit chalet, rencontré sur le bord du chemin.
Stefano, en contemplation, trop près du bord à mon goût.
Cette fois c’est le Lac Léman que l’on discerne dans la brume.
Un autre petit chalet, tout aussi mignon que le précédent.
Nous nous arrêtons brièvement aux Monts de Baulmes et à un point de vue, non loin du chalet du même nom où les beignets au fromage (connus chez nous sous le nom de Malakoffs) sont excellentissimes (dixit un gars rencontré non loin).
Nous avons quitté les aiguilles depuis près d’une heure et demi et n’avons toujours pas commencé la descente. Nous la commençons un peu après les Monts de Baulmes, et nous la commençons sur les chapeaux de roue. Un sentier descend vers le village, nous amenant au pied des falaises puis serpentant ensuite dans le sous-bois.
Fini de rire. La descente a commencé et de façon plutôt agressive.
15 minutes plus tard (c’est fou ce que 15 minutes peuvent sembler longues), la pente se radoucit et nous pouvons reprendre un rythme de marche normal.
Nous avions remarqué les signes blancs et rouges au lieu des habituels jaunes. La différence ? Les uns, de couleur rouge et blanche, signalent un « chemin de randonnée de montagne » alors que les autres, jaunes, auxquels nous sommes plus habitués, signalent un « chemin de randonnée » tout court. La différence n’est pas que dans les couleurs. Elle réside également dans la définition.
Les chemins de randonnée sont des chemins accessibles au public et généralement destinés aux déplacements à pied. Ils se situent de préférence à l’écart des routes à circulation motorisée et, si possible, ne sont revêtus ni d’enrobés bitumineux, ni de béton. Les passages raides sont munis d’escaliers et les endroits à risque de chute sont sécurisés par des barrières. Le passage des cours d’eau se fait à l’aide de passerelles ou de ponts. Les chemins de randonnée ne posent aucune exigence particulière aux usagers. La signalisation des chemins de randonnée est de couleur jaune.
Les chemins de randonnée de montagne sont des chemins de randonnée comprenant des tronçons difficilement praticables. Ils empruntent avant tout des pentes raides, ils sont étroits et en partie exposés. Les passages particulièrement difficiles sont sécurisés par des cordes ou des chaînes. Le cas échéant, on traverse les ruisseaux à gué. Ces chemins sont réservés aux usagers en bonne condition physique, qui ont le pied ferme, ne souffrent pas de vertige et connaissent les dangers liés à la montagne (chutes de pierres, dangers de glissade et de chute, changements brusques de la météo). Des chaussures munies de semelles à profil antidérapant, un équipement vestimentaire adapté à la météo et une carte topographique sont requis. Les indicateurs de direction sont de couleur jaune, avec des pointes de couleurs blanc-rouge-blanc; les confirmations et les marquages sont de couleurs blanc-rouge-blanc.
Nous arrivons au village de Baulmes vers 18h30. À 18h45 nous sommes devant la fromagerie du village, que nous avions repérée à l’aller. Fromagerie du village qui ferme ses portes dans… moins d’une minute. Je me précipite et ressors victorieuse, brandissant un Mont d’Or de fabrication locale.
Les plus malins auront remarqué la vilaine erreur d’orthographe sur l’étiquette, car l’appellation correcte est Vacherin Mont-d’Or.
Il ne nous reste plus qu’à rentrer à la maison, accompagnés par un magnifique coucher de soleil aux couleurs incroyables. Nous commentons avec enthousiasme notre balade de la journée, riche en découvertes et en émotions.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Au Suchet.
Aux Aiguilles de Baulmes.